DÉCRET N° 95-1000 DU 6 SEPTEMBRE
1995 PORTANT CODE DE DÉONTOLOGIE MÉDICALE
(modifié par le décret n° 97-503 du 21 mai 1997)
LE PREMIER MINISTRE,
Sur le rapport du garde
des sceaux, ministre de la justice, et du ministre de la santé publique
et de l'assurance maladie,
Vu le code de la santé publique, notamment l'article L. 366
;
Vu le code de la sécurité sociale ;
Vu la loi n° 66-879 du 29 novembre 1966 modifiée relative aux
sociétés civiles professionnelles ;
Vu la loi n° 90-1258 du 31 décembre 1990 modifiée relative
à l'exercice sous forme de sociétés des professions libérales soumises à
un statut législatif ou réglementaire ou dont le titre est protégé ;
Vu le décret n° 77-636 du 14 juin 1977 pris pour l'application
aux médecins de la loi n° 66-879 du 29 novembre 1966 relative aux sociétés
civiles professionnelles ;
Vu le décret n° 94-680 du 3 août 1994 relatif à l'exercice
en commun de la profession de médecin sous forme de société d'exercice libéral
;
Vu la délibération du conseil national de l'Ordre des médecins
du 12 février 1993 ;
Le Conseil d'Etat entendu,
DÉCRÈTE
Art.
1er -
Les dispositions du présent code s'imposent aux médecins inscrits au Tableau
de l'Ordre, à tout médecin exécutant un acte professionnel dans les conditions
prévues à l'article L. 356-1 du code de la santé publique ou par une convention
internationale, ainsi qu'aux étudiants en médecine effectuant un remplacement
ou assistant un médecin dans le cas prévu à l'article 87 du présent code.
Conformément à l'article L. 409 du code de la santé publique,
l'Ordre des médecins est chargé de veiller au respect de ces dispositions.
Les infractions à ces dispositions relèvent de la juridiction
disciplinaire de l'Ordre.
TITRE I
Devoirs généraux des médecins
Art. 2 - Le médecin, au service de
l'individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de la
vie humaine, de la personne et de sa dignité.
Le respect dû à la personne ne cesse pas de s'imposer après la
mort.
Art. 3 - Le médecin doit, en toutes
circonstances, respecter les principes de moralité, de probité et de dévouement
indispensables à l'exercice de la médecine.
Art. 4 - Le secret professionnel,
institué dans l'intérêt des patients, s'impose à tout médecin dans les conditions
établies par la loi.
Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du médecin
dans l'exercice de sa profession, c'est-à-dire non seulement ce qui lui a
été confié, mais aussi ce qu'il a vu, entendu ou compris.
Art. 5 - Le médecin ne peut aliéner
son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit.
Art. 6 - Le médecin doit respecter
le droit que possède toute personne de choisir librement son médecin. Il doit
lui faciliter l'exercice de ce droit.
Art. 7 - Le médecin doit écouter,
examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes
quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille,
leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une
religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation
ou les sentiments qu'il peut éprouver à leur égard.
Il doit leur apporter son concours en toutes circonstances.
Il ne doit jamais se départir d'une attitude correcte et attentive
envers la personne examinée.
Art. 8 - Dans les limites fixées par
la loi, le médecin est libre de ses prescriptions qui seront celles qu'il
estime les plus appropriées en la circonstance.
Il doit, sans négliger son devoir d'assistance morale, limiter
ses prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité, à la
sécurité et à l'efficacité des soins.
Il doit tenir compte des avantages, des inconvénients et des
conséquences des différentes investigations et thérapeutiques possibles.
Art. 9 - Tout médecin qui se trouve
en présence d'un malade ou d'un blessé en péril ou, informé qu'un malade ou
un blessé est en péril, doit lui porter assistance ou s'assurer qu'il reçoit
les soins nécessaires.
Art. 10 - Un médecin amené à examiner
une personne privée de liberté ou à lui donner des soins ne peut, directement
ou indirectement, serait-ce par sa seule présence, favoriser ou cautionner
une atteinte à l'intégrité physique ou mentale de cette personne ou à sa dignité.
S'il constate que cette personne a subi des sévices ou des mauvais
traitements, il doit, sous réserve de l'accord de l'intéressé, en informer
l'autorité judiciaire.
Toutefois, s'il s'agit des personnes mentionnées au deuxième
alinéa de l'article 44, l'accord des intéressés n'est pas nécessaire.
Art. 11 - Tout médecin doit entretenir
et perfectionner ses connaissances ; il doit prendre toutes dispositions nécessaires
pour participer à des actions de formation continue.
Tout médecin participe à l'évaluation des pratiques professionnelles.
Art. 12 - Le médecin doit apporter
son concours à l'action entreprise par les autorités compétentes en vue de
la protection de la santé et de l'éducation sanitaire.
La collecte, l'enregistrement, le traitement et la transmission
d'informations nominatives ou indirectement nominatives sont autorisés dans
les conditions prévues par la loi.
Art. 13 - Lorsque le médecin participe
à une action d'information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel
qu'en soit le moyen de diffusion, il doit ne faire état que de données confirmées,
faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos
auprès du public. Il doit se garder à cette occasion de toute attitude publicitaire,
soit personnelle, soit en faveur des organismes où il exerce ou auxquels il
prête son concours, soit en faveur d'une cause qui ne soit pas d'intérêt général.
Art. 14 - Les médecins ne doivent
pas divulguer dans les milieux médicaux un procédé nouveau de diagnostic ou
de traitement insuffisamment éprouvé sans accompagner leur communication des
réserves qui s'imposent. Ils ne doivent pas faire une telle divulgation dans
le public non médical.
Art. 15 - Le médecin ne peut participer
à des recherches biomédicales sur les personnes que dans les conditions prévues
par la loi ; il doit s'assurer de la régularité et de la pertinence de ces
recherches ainsi que de l'objectivité de leurs conclusions.
Le médecin traitant qui participe à une recherche biomédicale
en tant qu'investigateur doit veiller à ce que la réalisation de l'étude n'altère
ni la relation de confiance qui le lie au patient ni la continuité des soins.
Art. 16 - La collecte de sang ainsi
que les prélèvements d'organes, de tissus, de cellules ou d'autres produits
du corps humain sur la personne vivante ou décédée ne peuvent être pratiqués
que dans les cas et les conditions définis par la loi.
Art. 17 - Le médecin ne peut pratiquer
un acte d'assistance médicale à la procréation que dans les cas et les conditions
prévus par la loi.
Art. 18 - Un médecin ne peut pratiquer
une interruption volontaire de grossesse que dans les cas et les conditions
prévus par la loi ; il est toujours libre de s'y refuser et doit en informer
l'intéressée dans les conditions et délais prévus par la loi.
Art. 19 - La médecine ne doit pas
être pratiquée comme un commerce.
Sont interdits tous procédés directs ou indirects de publicité
et notamment tout aménagement ou signalisation donnant aux locaux une apparence
commerciale.
Art. 20 - Le médecin doit veiller
à l'usage qui est fait de son nom, de sa qualité ou de ses déclarations.
Il ne doit pas tolérer que les organismes, publics ou privés,
où il exerce ou auxquels il prête son concours utilisent à des fins publicitaires
son nom ou son activité professionnelle.
Art. 21 - Il est interdit aux médecins,
sauf dérogations accordées dans les conditions prévues par la loi, de distribuer
à des fins lucratives des remèdes, appareils ou produits présentés comme ayant
un intérêt pour la santé.
Il leur est interdit de délivrer des médicaments non autorisés.
Art. 22 - Tout partage d'honoraires
entre médecins est interdit sous quelque forme que ce soit, hormis les cas
prévus à l'article 94.
L'acceptation, la sollicitation ou l'offre d'un partage d'honoraires,
même non suivies d'effet, sont interdites.
Art. 23 - Tout compérage entre médecins,
entre médecins et pharmaciens, auxiliaires médicaux ou toutes autres personnes
physiques ou morales est interdit.
Art. 24 - Sont interdits au médecin
:
- tout acte de nature à procurer au patient un avantage matériel
injustifié ou illicite ;
- toute ristourne en argent ou en nature, toute commission à
quelque personne que ce soit ;
- en dehors des conditions fixées par l'article L. 365-1 du code
de la santé publique, la sollicitation ou l'acceptation d'un avantage en nature
ou en espèces, sous quelque forme que ce soit, d'une façon directe ou indirecte,
pour une prescription ou un acte médical quelconque.
Art. 25 - Il est interdit aux médecins
de dispenser des consultations, prescriptions ou avis médicaux dans des locaux
commerciaux ou dans tout autre lieu où sont mis en vente des médicaments,
produits ou appareils qu'ils prescrivent ou qu'ils utilisent.
Art. 26 - Un médecin ne peut exercer
une autre activité que si un tel cumul est compatible avec l'indépendance
et la dignité professionnelles et n'est pas susceptible de lui permettre de
tirer profit de ses prescriptions ou de ses conseils médicaux.
Art. 27 - Il est interdit à un médecin
qui remplit un mandat électif ou une fonction administrative d'en user pour
accroître sa clientèle.
Art. 28 - La délivrance d'un rapport
tendancieux ou d'un certificat de complaisance est interdite.
Art. 29 - Toute fraude, abus de cotation,
indication inexacte des honoraires perçus et des actes effectués sont interdits.
Art. 30 - Est interdite toute facilité
accordée à quiconque se livre à l'exercice illégal de la médecine.
Art. 31 - Tout médecin doit s'abstenir,
même en dehors de l'exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer
celle-ci.
TITRE II
Devoirs envers les patients
Art. 32 - Dès lors qu'il a accepté
de répondre à une demande, le médecin s'engage à assurer personnellement au
patient des soins consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises
de la science, en faisant appel, s'il y a lieu, à l'aide de tiers compétents.
Art. 33 - Le médecin doit toujours
élaborer son diagnostic avec le plus grand soin, en y consacrant le temps
nécessaire, en s'aidant dans toute la mesure du possible des méthodes scientifiques
les mieux adaptées et, s'il y a lieu, de concours appropriés.
Art. 34 - Le médecin doit formuler
ses prescriptions avec toute la clarté indispensable, veiller à leur compréhension
par le patient et son entourage et s'efforcer d'en obtenir la bonne exécution.
Art. 35 - Le médecin doit à la personne
qu'il examine, qu'il soigne ou qu'il conseille, une information loyale, claire
et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu'il lui propose.
Tout au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient
dans ses explications et veille à leur compréhension.
Toutefois, dans l'intérêt du malade et pour des raisons légitimes
que le praticien apprécie en conscience, un malade peut être tenu dans l'ignorance
d'un diagnostic ou d'un pronostic graves, sauf dans les cas où l'affection
dont il est atteint expose les tiers à un risque de contamination.
Un pronostic fatal ne doit être révélé qu'avec circonspection,
mais les proches doivent en être prévenus, sauf exception ou si le malade
a préalablement interdit cette révélation ou désigné les tiers auxquels elle
doit être faite.
Art. 36 - Le consentement de la personne
examinée ou soignée doit être recherché dans tous les cas.
Lorsque le malade, en état d'exprimer sa volonté, refuse les
investigations ou le traitement proposés, le médecin doit respecter ce refus
après avoir informé le malade de ses conséquences.
Si le malade est hors d'état d'exprimer sa volonté, le médecin
ne peut intervenir sans que ses proches aient été prévenus et informés, sauf
urgence ou impossibilité.
Les obligations du médecin à l'égard du patient lorsque celui-ci
est un mineur ou un majeur protégé sont définies à l'article 42.
Art. 37 - En toutes circonstances,
le médecin doit s'efforcer de soulager les souffrances de son malade, l'assister
moralement et éviter toute obstination déraisonnable dans les investigations
ou la thérapeutique.
Art. 38 - Le médecin doit accompagner
le mourant jusqu'à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures
appropriés la qualité d'une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du malade
et réconforter son entourage.
Il n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort.
Art. 39 - Les médecins ne peuvent
proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un
remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé.
Toute pratique de charlatanisme est interdite.
Art. 40 - Le médecin doit s'interdire,
dans les investigations et interventions qu'il pratique comme dans les thérapeutiques
qu'il prescrit, de faire courir au patient un risque injustifié.
Art. 41 - Aucune intervention mutilante
ne peut être pratiquée sans motif médical très sérieux et, sauf urgence ou
impossibilité, sans information de l'intéressé et sans son consentement.
Art. 42 - Un médecin appelé à donner
des soins à un mineur ou à un majeur protégé doit s'efforcer de prévenir ses
parents ou son représentant légal et d'obtenir leur consentement.
En cas d'urgence, même si ceux-ci ne peuvent être joints, le
médecin doit donner les soins nécessaires.
Si l'avis de l'intéressé peut être recueilli, le médecin doit
en tenir compte dans toute la mesure du possible.
Art. 43 - Le médecin doit être le
défenseur de l'enfant lorsqu'il estime que l'intérêt de sa santé est mal compris
ou mal préservé par son entourage.
Art. 44 - Lorsqu'un médecin discerne
qu'une personne auprès de laquelle il est appelé est victime de sévices ou
de privations, il doit mettre en oeuvre les moyens les plus adéquats pour
la protéger en faisant preuve de prudence et de circonspection.
S'il s'agit d'un mineur de quinze ans ou d'une personne qui n'est
pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son état physique
ou psychique il doit, sauf circonstances particulières qu'il apprécie en conscience,
alerter les autorités judiciaires, médicales ou administratives.
Art. 45 - Indépendamment du dossier
de suivi médical prévu par la loi, le médecin doit tenir pour chaque patient
une fiche d'observation qui lui est personnelle ; cette fiche est confidentielle
et comporte les éléments actualisés, nécessaires aux décisions diagnostiques
et thérapeutiques.
Dans tous les cas, ces documents sont conservés sous la responsabilité
du médecin.
Tout médecin doit, à la demande du patient ou avec son consentement,
transmettre aux médecins qui participent à sa prise en charge ou à ceux qu'il
entend consulter, les informations et documents utiles à la continuité des
soins.
Il en va de même lorsque le patient porte son choix sur un autre
médecin traitant.
Art. 46 - Lorsque la loi prévoit qu'un
patient peut avoir accès à son dossier par l'intermédiaire d'un médecin, celui-ci
doit remplir cette mission d'intermédiaire en tenant compte des seuls intérêts
du patient et se récuser si les siens sont en jeu.
Art. 47 - Quelles que soient les circonstances,
la continuité des soins aux malades doit être assurée.
Hors le cas d'urgence et celui où il manquerait à ses devoirs
d'humanité, un médecin a le droit de refuser ses soins pour des raisons professionnelles
ou personnelles.
S'il se dégage de sa mission, il doit alors en avertir le patient
et transmettre au médecin désigné par celui-ci les informations utiles à la
poursuite des soins.
Art. 48 - Le médecin ne peut pas abandonner
ses malades en cas de danger public, sauf sur ordre formel donné par une autorité
qualifiée, conformément à la loi.
Art. 49 - Le médecin appelé à donner
ses soins dans une famille ou une collectivité doit tout mettre en oeuvre
pour obtenir le respect des règles d'hygiène et de prophylaxie.
Il doit informer le patient de ses responsabilités et devoirs
vis-à-vis de lui-même et des tiers ainsi que des précautions qu'il doit prendre.
Art. 50 - Le médecin doit, sans céder
à aucune demande abusive, faciliter l'obtention par le patient des avantages
sociaux auxquels son état lui donne droit.
A cette fin, il est autorisé, sauf opposition du patient, à communiquer
au médecin-conseil nommément désigné de l'organisme de sécurité sociale dont
il dépend, ou à un autre médecin relevant d'un organisme public décidant de
l'attribution d'avantages sociaux, les renseignements médicaux strictement
indispensables.
Art. 51 - Le médecin ne doit pas s'immiscer
sans raison professionnelle dans les affaires de famille ni dans la vie privée
de ses patients.
Art. 52 - Le médecin qui aura traité
une personne pendant la maladie dont elle est décédée ne pourra profiter des
dispositions entre vifs et testamentaires faites par celle-ci en sa faveur
pendant le cours de cette maladie que dans les cas et conditions prévus par
la loi.
Il ne doit pas davantage abuser de son influence pour obtenir
un mandat ou contracter à titre onéreux dans des conditions qui lui seraient
anormalement favorables.
Art. 53 - Les honoraires du médecin
doivent être déterminés avec tact et mesure, en tenant compte de la réglementation
en vigueur, des actes dispensés ou de circonstances particulières.
Ils ne peuvent être réclamés qu'à l'occasion d'actes réellement
effectués. L'avis ou le conseil dispensé à un patient par téléphone ou correspondance
ne peut donner lieu à aucun honoraire.
Un médecin doit répondre à toute demande d'information préalable
et d'explications sur ses honoraires ou le coût d'un traitement. Il ne peut
refuser un acquit des sommes perçues.
Aucun mode particulier de règlement ne peut être imposé aux malades.
Art. 54 - Lorsque plusieurs médecins
collaborent pour un examen ou un traitement, leurs notes d'honoraires doivent
être personnelles et distinctes.
La rémunération du ou des aides-opératoires, choisis par le praticien
et travaillant sous son contrôle, est incluse dans ses honoraires.
Art. 55 - Le forfait pour l'efficacité
d'un traitement et la demande d'une provision sont interdits en toute circonstance.
TITRE III
Rapports des médecins entre eux et avec les membres
des autres
professions de santé
Art. 56 - Les médecins doivent entretenir
entre eux des rapports de bonne confraternité.
Un médecin qui a un différend avec un confrère doit rechercher
une conciliation, au besoin par l'intermédiaire du conseil départemental de
l'Ordre.
Les médecins se doivent assistance dans l'adversité.
Art. 57 - Le détournement ou la tentative
de détournement de clientèle est interdit.
Art. 58 - Le médecin consulté par
un malade soigné par un de ses confrères doit respecter :
- l'intérêt du malade en traitant notamment toute situation d'urgence
;
- le libre choix du malade qui désire s'adresser à un autre médecin.
Le médecin consulté doit, avec l'accord du patient, informer
le médecin traitant et lui faire part de ses constatations et décisions. En
cas de refus du patient, il doit informer celui-ci des conséquences que peut
entraîner son refus.
Art. 59 - Le médecin appelé d'urgence
auprès d'un malade doit, si celui-ci doit être revu par son médecin traitant
ou un autre médecin, rédiger à l'intention de son confrère un compte rendu
de son intervention et de ses prescriptions qu'il remet au malade ou adresse
directement à son confrère en en informant le malade.
Il en conserve le double.
Art. 60 - Le médecin doit proposer
la consultation d'un confrère dès que les circonstances l'exigent ou accepter
celle qui est demandée par le malade ou son entourage.
Il doit respecter le choix du malade et, sauf objection sérieuse,
l'adresser ou faire appel à tout consultant en situation régulière d'exercice.
S'il ne croit pas devoir donner son agrément au choix du malade,
il peut se récuser. Il peut aussi conseiller de recourir à un autre consultant,
comme il doit le faire à défaut de choix exprimé par le malade.
A l'issue de la consultation, le consultant informe par écrit
le médecin traitant de ses constatations, conclusions et éventuelles prescriptions
en avisant le patient.
Art. 61 - Quand les avis du consultant
et du médecin traitant diffèrent profondément, à la suite d'une consultation,
le malade doit en être informé. Le médecin traitant est libre de cesser ses
soins si l'avis du consultant prévaut auprès du malade ou de son entourage.
Art. 62 - Le consultant ne doit pas
de sa propre initiative, au cours de la maladie ayant motivé la consultation,
convoquer ou réexaminer, sauf urgence, le malade sans en informer le médecin
traitant.
Il ne doit pas, sauf volonté contraire du malade, poursuivre
les soins exigés par l'état de celui-ci lorsque ces soins sont de la compétence
du médecin traitant et il doit donner à ce dernier toutes informations nécessaires
pour le suivi du patient.
Art. 63 - Sans préjudice des dispositions
applicables aux établissements publics de santé et aux établissements privés
participant au service public hospitalier, le médecin qui prend en charge
un malade à l'occasion d'une hospitalisation doit en aviser le praticien désigné
par le malade ou son entourage. Il doit le tenir informé des décisions essentielles
auxquelles ce praticien sera associé dans toute la mesure du possible.
Art. 64 - Lorsque plusieurs médecins
collaborent à l'examen ou au traitement d'un malade, ils doivent se tenir
mutuellement informés ; chacun des praticiens assume ses responsabilités personnelles
et veille à l'information du malade.
Chacun des médecins peut librement refuser de prêter son concours,
ou le retirer, à condition de ne pas nuire au malade et d'en avertir ses confrères.
Art. 65 - Un médecin ne peut se faire
remplacer dans son exercice que temporairement et par un confrère inscrit
au tableau de l'Ordre ou par un étudiant remplissant les conditions prévues
par l'article L. 359 du code de la santé publique.
Le médecin qui se fait remplacer doit en informer préalablement,
sauf urgence, le conseil de l'ordre dont il relève en indiquant les nom et
qualité du remplaçant ainsi que les dates et la durée du remplacement.
Le remplacement est personnel.
Le médecin remplacé doit cesser toute activité médicale libérale
pendant la durée du remplacement.
Art. 66 - Le remplacement terminé,
le remplaçant doit cesser toute activité s'y rapportant et transmettre les
informations nécessaires à la continuité des soins.
Art. 67 - Sont interdites au médecin
toutes pratiques tendant à abaisser, dans un but de concurrence, le montant
de ses honoraires.
Il est libre de donner gratuitement ses soins.
Art. 68 - Dans l'intérêt des malades,
les médecins doivent entretenir de bons rapports avec les membres des professions
de santé. Ils doivent respecter l'indépendance professionnelle de ceux-ci
et le libre choix du patient.
TITRE IV
De l'exercice de la profession
1) Règles communes
à tous les modes d'exercice
Art. 69 - L'exercice de la médecine
est personnel ; chaque médecin est responsable de ses décisions et de ses
actes.
Art. 70 - Tout médecin est, en principe,
habilité à pratiquer tous les actes de diagnostic, de prévention et de traitement.
Mais il ne doit pas, sauf circonstances exceptionnelles, entreprendre ou poursuivre
des soins, ni formuler des prescriptions dans des domaines qui dépassent ses
connaissances, son expérience et les moyens dont il dispose.
Art. 71 - Le médecin doit disposer,
au lieu de son exercice professionnel, d'une installation convenable, de locaux
adéquats pour permettre le respect du secret professionnel et de moyens techniques
suffisants en rapport avec la nature des actes qu'il pratique ou de la population
qu'il prend en charge. Il doit notamment veiller à la stérilisation et à la
décontamination des dispositifs médicaux qu'il utilise et à l'élimination
des déchets médicaux selon les procédures réglementaires.
Il ne doit pas exercer sa profession dans des conditions qui
puissent compromettre la qualité des soins et des actes médicaux ou la sécurité
des personnes examinées.
Il doit veiller à la compétence des personnes qui lui apportent
leur concours.
Art. 72 - Le médecin doit veiller
à ce que les personnes qui l'assistent dans son exercice soient instruites
de leurs obligations en matière de secret professionnel et s'y conforment.
Il doit veiller à ce qu'aucune atteinte ne soit portée par son
entourage au secret qui s'attache à sa correspondance professionnelle.
Art. 73 - Le médecin doit protéger
contre toute indiscrétion les documents médicaux concernant les personnes
qu'il a soignées ou examinées, quels que soient le contenu et le support de
ces documents.
Il en va de même des informations médicales dont il peut être
le détenteur.
Le médecin doit faire en sorte, lorsqu'il utilise son expérience
ou ses documents à des fins de publication scientifique ou d'enseignement,
que l'identification des personnes ne soit pas possible. A défaut, leur accord
doit être obtenu.
Art. 74 - L'exercice de la médecine
foraine est interdit ; toutefois des dérogations peuvent être accordées par
le conseil départemental de l'Ordre dans l'intérêt de la santé publique.
Art. 75 - Conformément à l'article
L. 363 du code de la santé publique, il est interdit d'exercer la médecine
sous un pseudonyme.
Un médecin qui se sert d'un pseudonyme pour des activités se
rattachant à sa profession est tenu d'en faire la déclaration au conseil départemental
de l'Ordre.
Art. 76 - L'exercice de la médecine
comporte normalement l'établissement par le médecin, conformément aux constatations
médicales qu'il est en mesure de faire, des certificats, attestations et documents
dont la production est prescrite par les textes législatifs et réglementaires.
Tout certificat, ordonnance, attestation ou document délivré
par un médecin doit être rédigé lisiblement en langue française et daté, permettre
l'identification du praticien dont il émane et être signé par lui. Le médecin
peut en remettre une traduction au patient dans la langue de celui-ci.
Art. 77 - Dans le cadre de la permanence
des soins, c'est un devoir pour tout médecin de participer aux services de
garde de jour et de nuit.
Le conseil départemental de l'Ordre peut néanmoins accorder des
exemptions, compte tenu de l'âge du médecin, de son état de santé, et éventuellement
de ses conditions d'exercice.
Art. 78 - Lorsqu'il participe à un
service de garde, d'urgences ou d'astreinte, le médecin doit prendre toutes
dispositions pour être joint au plus vite.
Il est autorisé, pour faciliter sa mission, à apposer sur son
véhicule une plaque amovible portant la mention " médecin-urgences ", à l'exclusion
de toute autre. Il doit la retirer dès que sa participation à l'urgence prend
fin.
Il doit tenir informé de son intervention le médecin habituel
du patient, dans les conditions prévues à l'article 59.
Art. 79 - Les seules indications qu'un
médecin est autorisé à mentionner sur ses feuilles d'ordonnances sont :
1) ses nom, prénoms, adresse professionnelle, numéros de téléphone
et de télécopie, jours et heures de consultation ;
2) si le médecin exerce en association ou en société, les noms
des médecins associés ;
3) sa situation vis-à-vis des organismes d'assurance-maladie
;
4) la qualification qui lui aura été reconnue conformément au
règlement de qualification établi par l'Ordre et approuvé par le ministre
chargé de la santé ;
5) ses diplômes, titres et fonctions lorsqu'ils ont été reconnus
par le Conseil national de l'Ordre ;
6) la mention de l'adhésion à une société agréée prévue à l'article
64 de la loi de finances pour 1977 ;
7) ses distinctions honorifiques reconnues par la République
française.
Art. 80 - Les seules indications qu'un
médecin est autorisé à faire figurer dans les annuaires à usage du public,
quel qu'en soit le support, sont :
1) ses nom, prénoms, adresse professionnelle, numéros de téléphone
et de télécopie, jours et heures de consultations ;
2) sa situation vis-à-vis des organismes d'assurance-maladie
;
3) la qualification qui lui aura été reconnue conformément au
règlement de qualification, les diplômes d'études spécialisées complémentaires
et les capacités dont il est titulaire.
Art. 81 - Les seules indications qu'un
médecin est autorisé à faire figurer sur une plaque à son lieu d'exercice
sont ses nom, prénoms, numéro de téléphone, jours et heures de consultations,
situation vis-à-vis des organismes d'assurance-maladie, diplômes, titres et
qualifications reconnus conformément au 4) et 5) de l'article 79.
Une plaque peut être apposée à l'entrée de l'immeuble et une
autre à la porte du cabinet ; lorsque la disposition des lieux l'impose, une
signalisation intermédiaire peut être prévue.
Ces indications doivent être présentées avec discrétion, conformément
aux usages de la profession.
Lorsque le médecin n'est pas titulaire d'un diplôme, certificat
ou titre mentionné au 1) de l'article L. 356-2 du code de la santé publique,
il est tenu, dans tous les cas où il fait état de son titre ou de sa qualité
de médecin, de faire figurer le lieu et l'établissement universitaire où il
a obtenu le diplôme, titre ou certificat lui permettant d'exercer la médecine.
Art. 82 - Lors de son installation
ou d'une modification de son exercice, le médecin peut faire paraître dans
la presse une annonce sans caractère publicitaire dont le texte et les modalités
de publication doivent être préalablement communiqués au conseil départemental
de l'Ordre.
Art. 83 - Conformément à l'article
L. 462 du code de la santé publique, l'exercice habituel de la médecine, sous
quelque forme que ce soit, au sein d'une entreprise, d'une collectivité ou
d'une institution ressortissant au droit privé doit, dans tous les cas, faire
l'objet d'un contrat écrit.
Ce contrat définit les obligations respectives des parties et
doit préciser les moyens permettant aux médecins de respecter les dispositions
du présent code.
Tout projet de contrat peut être communiqué au conseil départemental
de l'Ordre, qui doit faire connaître ses observations dans le délai d'un mois.
Toute convention ou renouvellement de convention avec un des
organismes prévus au premier alinéa, en vue de l'exercice de la médecine,
doit être communiqué au conseil départemental intéressé, de même que les avenants
et règlements intérieurs lorsque le contrat y fait référence. Celui-ci vérifie
sa conformité avec les prescriptions du présent code ainsi que, s'il en existe,
avec les clauses essentielles des contrats-types établis soit par un accord
entre le conseil national et les collectivités ou institutions intéressées,
soit conformément aux dispositions législatives ou réglementaires.
Le médecin doit signer et remettre au conseil départemental une
déclaration aux termes de laquelle il affirmera sur l'honneur qu'il n'a passé
aucune contre-lettre ou avenant relatifs au contrat soumis à l'examen du conseil.
Art. 84 - L'exercice habituel de la
médecine, sous quelque forme que ce soit, au sein d'une administration de
l'Etat, d'une collectivité territoriale ou d'un établissement public doit
faire l'objet d'un contrat écrit, hormis les cas où le médecin a la qualité
d'agent titulaire de l'Etat, d'une collectivité territoriale ou d'un établissement
public ainsi que les cas où il est régi par des dispositions législatives
ou réglementaires qui ne prévoient pas la conclusion d'un contrat.
Le médecin est tenu de communiquer ce contrat à l'instance compétente
de l'Ordre des médecins. Les observations que cette instance aurait à formuler
sont adressées par elle à l'autorité administrative intéressée et au médecin
concerné.
2) Exercice en clientèle privée
Art. 85 - Un médecin ne doit avoir,
en principe, qu'un seul cabinet.
Il y a cabinet secondaire lorsqu'un médecin reçoit en consultation
de façon régulière ou habituelle des patients dans un lieu différent du cabinet
principal ; la création ou le maintien d'un cabinet secondaire, sous quelque
forme que ce soit, n'est possible qu'avec l'autorisation du conseil départemental
de l'Ordre intéressé.
Cette autorisation doit être accordée si l'éloignement d'un médecin
de même discipline est préjudiciable aux malades et sous réserve que la réponse
aux urgences, la qualité et la continuité des soins soient assurées.
L'autorisation est donnée à titre personnel et n'est pas cessible.
Elle est limitée à trois années et ne peut être renouvelée qu'après
une nouvelle demande soumise à l'appréciation du conseil départemental.
L'autorisation est révocable à tout moment et doit être retirée
lorsque l'installation d'un médecin de même discipline est de nature à satisfaire
les besoins des malades.
En aucun cas, un médecin ne peut avoir plus d'un cabinet secondaire.
Les dispositions du présent article ne font pas obstacle à l'application,
par les sociétés civiles professionnelles de médecins et leurs membres, de
l'article 50 du décret n° 77-636 du 14 juin 1977 et par les sociétés d'exercice
libéral, de l'article 14 du décret n° 94-680 du 3 août 1994.
Les interventions ou investigations pratiquées pour des raisons
de sécurité dans un environnement médical adapté ou nécessitant l'utilisation
d'un équipement matériel lourd soumis à autorisation ne constituent pas une
activité en cabinet secondaire.
Art. 86 - Un médecin ou un étudiant
qui a remplacé un de ses confrères pendant trois mois, consécutifs ou non,
ne doit pas, pendant une période de deux ans, s'installer dans un cabinet
où il puisse entrer en concurrence directe avec le médecin remplacé et avec
les médecins qui, le cas échéant, exercent en association avec ce dernier,
à moins qu'il n'y ait entre les intéressés un accord qui doit être notifié
au conseil départemental.
A défaut d'accord entre tous les intéressés, l'installation est
soumise à l'autorisation du conseil départemental de l'Ordre.
Art. 87 - Il est interdit à un médecin
d'employer pour son compte, dans l'exercice de sa profession, un autre médecin
ou un étudiant en médecine.
Toutefois, le médecin peut être assisté en cas d'afflux exceptionnel
de population dans une région déterminée.
Dans cette éventualité, si l'assistant est un docteur en médecine,
l'autorisation fait l'objet d'une décision du conseil départemental de l'Ordre
; s'il s'agit d'un étudiant, l'autorisation est donnée par le préfet, dans
les conditions définies par la loi.
Dans l'un et l'autre cas, le silence gardé par le conseil départemental
ou le préfet vaut autorisation implicite à l'expiration d'un délai de deux
mois à compter de la date de réception de la demande.
Les dispositions du présent article ne font pas obstacle à l'accomplissement
de stages de formation universitaire auprès du praticien par des étudiants
en médecine, dans les conditions légales.
Art. 88 - Par dérogation au premier
alinéa de l'article 87, le médecin peut être assisté dans son exercice par
un autre médecin en cas de circonstances exceptionnelles, notamment d'épidémie,
ou lorsque, momentanément, son état de santé le justifie. L'autorisation est
accordée à titre exceptionnel par le conseil départemental pour une durée
limitée à trois mois, éventuellement renouvelable.
Le silence gardé par le conseil départemental vaut autorisation
implicite à l'expiration d'un délai de deux mois à compter de la date de réception
soit de la demande d'autorisation, soit de la demande de renouvellement.
Art. 89 - Il est interdit à un médecin
de faire gérer son cabinet par un confrère.
Toutefois, le conseil départemental peut autoriser, pendant une
période de trois mois, éventuellement renouvelable une fois, la tenue par
un médecin du cabinet d'un confrère décédé.
Art. 90 - Un médecin ne doit pas s'installer
dans un immeuble où exerce un confrère de même discipline sans l'accord de
celui-ci ou sans l'autorisation du conseil départemental de l'Ordre. Cette
autorisation ne peut être refusée que pour des motifs tirés d'un risque de
confusion pour le public.
Le silence gardé par le conseil départemental vaut autorisation
tacite à l'expiration d'un délai de deux mois à compter de la date de réception
de la demande.
Art. 91 - Toute association ou société
entre médecins en vue de l'exercice de la profession doit faire l'objet d'un
contrat écrit qui respecte l'indépendance professionnelle de chacun d'eux.
Il en est de même dans les cas prévus aux articles 65, 87 et
88 du présent code.
Les contrats et avenants doivent être communiqués, conformément
aux articles L. 462 et suivants du code de la santé publique, au conseil départemental
de l'Ordre, qui vérifie leur conformité avec les principes du présent code,
ainsi que, s'il en existe, avec les clauses essentielles des contrats-types
établis par le conseil national.
Toute convention ou contrat de société ayant un objet professionnel
entre un ou plusieurs médecins d'une part, et un ou plusieurs membres des
professions de santé d'autre part, doit être communiqué au conseil départemental
de l'Ordre des médecins. Celui-ci le transmet avec son avis au conseil national,
qui examine si le contrat est compatible avec les lois en vigueur, avec le
code de déontologie et notamment avec l'indépendance des médecins.
Les projets de convention ou de contrat établis en vue de l'application
du présent article peuvent être communiqués au conseil départemental de l'Ordre,
qui doit faire connaître ses observations dans le délai d'un mois.
Le médecin doit signer et remettre au conseil départemental une
déclaration aux termes de laquelle il affirme sur l'honneur qu'il n'a passé
aucune contre-lettre ou avenant relatifs au contrat soumis à l'examen du conseil.
Art. 92 - Un médecin ne peut accepter
que dans le contrat qui le lie à l'établissement de santé où il est appelé
à exercer figure une clause qui, en faisant dépendre sa rémunération ou la
durée de son engagement de critères liés à la rentabilité de l'établissement,
aurait pour conséquence de porter atteinte à l'indépendance de ses décisions
ou à la qualité de ses soins.
Art. 93 - Dans les cabinets regroupant
plusieurs praticiens exerçant en commun, quel qu'en soit le statut juridique,
l'exercice de la médecine doit rester personnel. Chaque praticien garde son
indépendance professionnelle.
Le libre choix du médecin par le malade doit être respecté.
Sans préjudice des dispositions particulières aux sociétés civiles
professionnelles ou aux sociétés d'exercice libéral, lorsque plusieurs médecins
associés exercent en des lieux différents, chacun d'eux doit, hormis les urgences
et les gardes ne donner des consultations que dans son propre cabinet.
Il en va de même en cas de remplacement mutuel et régulier des
médecins au sein de l'association.
Le médecin peut utiliser des documents à en-tête commun de l'association
ou de la société d'exercice dont il est membre. Le signataire doit être identifiable
et son adresse mentionnée.
Art. 94 - Dans les associations de
médecins et les cabinets de groupe, tout versement, acceptation ou partage
de sommes d'argent entre praticiens est interdit, sauf si les médecins associés
pratiquent tous la médecine générale, ou s'ils sont tous spécialistes de la
même discipline, et sous réserve des dispositions particulières relatives
aux sociétés civiles professionnelles et aux sociétés d'exercice libéral.
3) Exercice salarié de la médecine
Art. 95 - Le fait pour un médecin
d'être lié dans son exercice professionnel par un contrat ou un statut à une
administration, une collectivité ou tout autre organisme public ou privé n'enlève
rien à ses devoirs professionnels et en particulier à ses obligations concernant
le secret professionnel et l'indépendance de ses décisions.
En aucune circonstance, le médecin ne peut accepter de limitation
à son indépendance dans son exercice médical de la part de l'entreprise ou
de l'organisme qui l'emploie. Il doit toujours agir, en priorité, dans l'intérêt
de la santé publique et dans l'intérêt des personnes et de leur sécurité au
sein des entreprises ou des collectivités où il exerce.
Art. 96 - Sous réserve des dispositions
applicables aux établissements de santé, les dossiers médicaux sont conservés
sous la responsabilité du médecin qui les a établis.
Art. 97 - Un médecin salarié ne peut,
en aucun cas, accepter une rémunération fondée sur des normes de productivité,
de rendement horaire ou toute autre disposition qui auraient pour conséquence
une limitation ou un abandon de son indépendance ou une atteinte à la qualité
des soins.
Art. 98 - Les médecins qui exercent
dans un service privé ou public de soins ou de prévention ne peuvent user
de leur fonction pour accroître leur clientèle.
Art. 99 - Sauf cas d'urgence ou prévu
par la loi, un médecin qui assure un service de médecine préventive pour le
compte d'une collectivité n'a pas le droit d'y donner des soins curatifs.
Il doit adresser la personne qu'il a reconnue malade au médecin
traitant ou à tout autre médecin désigné par celle-ci.
4) Exercice de la médecine de contrôle
Art. 100 - Un médecin exerçant la
médecine de contrôle ne peut être à la fois médecin de prévention ou, sauf
urgence, médecin traitant d'une même personne.
Cette interdiction s'étend aux membres de la famille du malade
vivant avec lui et, si le médecin exerce au sein d'une collectivité, aux membres
de celle-ci.
Art. 101 - Lorsqu'il est investi de
sa mission, le médecin de contrôle doit se récuser s'il estime que les questions
qui lui sont posées sont étrangères à la technique proprement médicale, à
ses connaissances, à ses possibilités ou qu'elles l'exposeraient à contrevenir
aux dispositions du présent code.
Art. 102 - Le médecin de contrôle
doit informer la personne qu'il va examiner de sa mission et du cadre juridique
où elle s'exerce, et s'y limiter.
Il doit être très circonspect dans ses propos et s'interdire
toute révélation ou commentaire.
Il doit être parfaitement objectif dans ses conclusions.
Art. 103 - Sauf dispositions contraires
prévues par la loi, le médecin chargé du contrôle ne doit pas s'immiscer dans
le traitement ni le modifier. Si, à l'occasion d'un examen, il se trouve en
désaccord avec le médecin traitant sur le diagnostic, le pronostic ou s'il
lui apparaît qu'un élément important et utile à la conduite du traitement
semble avoir échappé à son confrère, il doit le lui signaler personnellement.
En cas de difficultés à ce sujet, il peut en faire part au conseil départemental
de l'Ordre.
Art. 104 - Le médecin chargé du contrôle
est tenu au secret envers l'administration ou l'organisme qui fait appel à
ses services. Il ne peut et ne doit lui fournir que ses conclusions sur le
plan administratif, sans indiquer les raisons d'ordre médical qui les motivent.
Les renseignements médicaux nominatifs ou indirectement nominatifs
contenus dans les dossiers établis par ce médecin ne peuvent être communiqués
ni aux personnes étrangères au service médical ni à un autre organisme.
5) Exercice de la médecine d'expertise
Art. 105 - Nul ne peut être à la fois
médecin expert et médecin traitant d'un même malade.
Un médecin ne doit pas accepter une mission d'expertise dans
laquelle sont en jeu ses propres intérêts, ceux d'un de ses patients, d'un
de ses proches, d'un de ses amis ou d'un groupement qui fait habituellement
appel à ses services.
Art. 106 - Lorsqu'il est investi d'une
mission, le médecin expert doit se récuser s'il estime que les questions qui
lui sont posées sont étrangères à la technique proprement médicale, à ses
connaissances, à ses possibilités ou qu'elles l'exposeraient à contrevenir
aux dispositions du présent code.
Art. 107 - Le médecin expert doit,
avant d'entreprendre toute opération d'expertise, informer la personne qu'il
doit examiner de sa mission et du cadre juridique dans lequel son avis est
demandé.
Art. 108 - Dans la rédaction de son
rapport, le médecin expert ne doit révéler que les éléments de nature à apporter
la réponse aux questions posées. Hors de ces limites, il doit taire tout ce
qu'il a pu connaître à l'occasion de cette expertise.
Il doit attester qu'il a accompli personnellement sa mission.
TITRE V
Dispositions diverses
Art. 109 - Tout médecin, lors de son
inscription au tableau, doit affirmer devant le conseil départemental de l'Ordre
qu'il a eu connaissance du présent code et s'engager sous serment et par écrit
à le respecter.
Art. 110 - Toute déclaration volontairement
inexacte ou incomplète faite au conseil de l'Ordre par un médecin peut donner
lieu à des poursuites disciplinaires.
Art. 111 - Tout médecin qui modifie
ses conditions d'exercice ou cesse d'exercer est tenu d'en avertir le conseil
départemental. Celui-ci prend acte de ces modifications et en informe le conseil
national.
Art. 112 - Toutes les décisions prises
par l'Ordre des médecins en application du présent code doivent être motivées.
Celles de ces décisions qui sont prises par les conseils départementaux
peuvent être réformées ou annulées par le conseil national soit d'office,
soit à la demande des intéressés ; celle-ci doit être présentée dans les deux
mois de la notification de la décision.
Art. 113 - Le décret n° 79-506 du
28 juin 1979 est abrogé.
Art. 114 - Le garde des sceaux, ministre
de la justice, et le ministre de la santé publique et de l'assurance maladie
sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret,
qui sera publié au Journal Officiel de la République française.
Fait à Paris,
le 6 septembre 1995