LES NODULES THYROIDIENS

LES NODULES THYROIDIENS

Qui sont ils, commente les explorer, indications chirurgicales.

 

Professeur Jean-Louis WEMEAU

 

 

La nodulation constitue d’abord un remaniement physiologique lié au vieillissement de la thyroïde. Environ 5 % des nodules cliniquement ou échographiquement découverts sont des cancers. La reconnaissance de tous les cancers n’apparaît pas pour une nécessité car beaucoup d’entre eux (micro-cancers de moins de 1 cm de diamètre) ne déterminent aucune morbidité. Enfin 10 % des nodules sont fonctionnels, captent les isotopes, et sont à risque de déterminer une hyperthyroïdie.

 

L’évaluation clinique est essentielle : il est de règle de se méfier des nodules durs, irréguliers, rapidement évolutifs, compressifs. Les nodules sont plus suspects lorsqu’ils apparaissent chez l’homme, chez l’enfant et chez le sujet âgé, après irradiation externe ou dans certaines maladies générales.

 

La TSH constitue l’examen à réaliser en premier lors de l’évaluation de tout nodule thyroïdien. Une valeur accrue fait suspecter une thyroïdite auto-immune et conduit alors seulement à la mesure des anticorps antithyropéroxydase. Une valeur basse suggère un nodule hyperfonctionnel, ce qu’authentifie l’examen scintigraphique. La calcitonine est indispensable pour tout nodule suspect et avant chirurgie. La thyroglobuline circulante ne constitue pas un marqueur diagnostique des cancers thyroïdiens localisés.

 

L’échographie couplée à l’évaluation des flux vasculaires au Doppler apporte des précisions pronostiques importantes sur le nodule et l’éventuelle dystrophie nodulaire du reste du parenchyme. Elle évalue les aires ganglionnaires. Elle est maintenant fréquemment couplée à l’élastométrie qui quantifie la dureté du nodule. Elle guide le choix des nodules qui doivent bénéficier de la ponction écho-guidée pour l’étude cytologique.

 

La cyto-ponction est contre-indiquée seulement sous anticoagulants et en cas de troubles de l’hémostase. Ses résultats sont maintenant communément présentés en six classes dites de BETHESDA qui apportent des précisions pronostiques quantifiées :

- classe 1 : cytologie ininterprétable

- classe 2 : bénin (3 % de cancers)

- classe 3 : lésion vésiculaire (5 à 15 % de cancers)

- classe 4 : tumeur folliculaire ou oncocytaire (15 à 30 % de cancers)

- classe 5 : suspect de malignité (60 à 75 % de cancers)

- classe 6 : malin (97 % de cancers)

 

Eventuellement la détection du gène BRAF aide à la reconnaissance des cancers papillaires. Cependant 15 à 30 % des cytologies restent indéterminées (classes 3,4 et 5). On voit venir avec intérêt l’avènement de tests diagnostiques appréciant l’expression de gènes permettant une meilleure distinction entre adénome et carcinome vésiculaires, avec une sensibilité de plus de 90 %.

 

Dans l’immédiat, seulement dans certaines situations ambiguës se justifient encore des scintigraphies au Technétium ou à l’Iode 123, puisque 10 % des nodules sont captants, en faveur de leur bonne différenciation. Elles peuvent être couplées à la scintigraphie au MIBI, électivement capté par les cellules en division.

 

Sont à opérer les nodules qui paraissent suspects de malignité cliniquement, échographiquement, cytologiquement, ou en raison de leur évolution (notamment d’un accroissement supérieur à 20 % par an). Dans les autres situations peut se discuter la surveillance progressivement espacée. Chez les sujets jeunes, l’hormonothérapie thyroïdienne à visée frénatrice peut être proposée, surtout dans les familles à risque pour prévenir l’évolution vers la constitution des goitres plurinodulaires.

 

 

 

Référence :

Recommandations de la Société Française d’Endocrinologie pour la prise en charge des nodules thyroïdiens. Jl Wémeau et al. Presse Med. 2011, 40 : 793-826

 

OPTIMISER LES PRESCRIPTIONS CHEZ LES PERSONNES AGEES

OPTIMISER LES PRESCRIPTIONS CHEZ LES PERSONNES AGEES

Entre prudence et performance, redéfinir les objectifs du traitement

 

Professeur François PUISIEUX

 

En France, comme dans tous les pays développés, la consommation de médicaments augmente plus vite que le produit intérieur brut (PIB). Selon le rapport du Haut Comité pour l’Avenir de l’Assurance Maladie publié en juillet 2006, la France est le pays du monde où le poids du médicament dans le PIB est le plus élevé. La France figure au deuxième rang mondial pour la consommation de médicaments en coût par habitant et par an, derrière les Etats-Unis. Ce coût est 2 fois plus élevé en France qu’aux Pays-Bas, au Danemark ou en Irlande.

Rapportée à la population, la consommation de médicaments et autres produits pharmaceutiques a été en moyenne de 522 euros par habitant en 2007 en France, les personnes âgées et celles atteintes de maladies graves étant les plus gros consommateurs. La consommation de médicaments exprimée à prix constants a augmenté continument depuis plusieurs décennies. Cette augmentation est due principalement aux progrès thérapeutiques, les médicaments innovants coûtant plus cher, et pour une moindre part à la progression des quantités consommées.

Le rapport des français au médicament est singulier, comme l’a bien illustré une étude publiée par la CNAMTS en octobre 2005 intitulée  « Le rapport des Français et des Européens à l’ordonnance et aux médicaments ». L’équation « consultation = ordonnance = médicaments » est plus forte en France qu’ailleurs. La proportion de consultations françaises se concluant par une ordonnance est de 90 % contre 83 % en Espagne, 72 % en Allemagne et 43 % aux Pays-Bas.

En 2001, selon les données de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, les plus de 65 ans représentaient 16% de la population et consommaient 39% des médicaments prescrits en ville. Selon l’Enquête Santé et Protection Sociale (ESPS) menée en 2000, parmi les personnes âgées vivant à domicile :

- 67 % des 65 ans et plus avaient acquis au moins un produit pharmaceutique en un mois versus 35 % pour les moins de 65 ans. Cette proportion augmentait avec l’âge : 65 % parmi les personnes âgées de 65 à 74 ans, 70 % chez les 75-84 ans et 69 % chez les 85 ans et plus.

- En moyenne, la consommation journalière s’établissait à 3,6 médicaments par personne âgée de 65 ans et plus (3,3 médicaments différents par jour pour les 65-74 ans, à 4,0 pour les 75-84 ans et

4,6 pour les 85 ans et plus). Les femmes consommaient plus que les hommes à tous les âges (3,8 versus 3,3).

- En un mois, 8,6 % des personnes âgées achetaient au moins un médicament sans ordonnance (4 % des médicaments acquis par les personnes âgées l’étaient sont sans ordonnance).

- La consommation pharmaceutique était dominée par les médicaments à visée cardiovasculaire : en un mois, 51 % des personnes âgées enquêtées déclaraient acquérir au moins une fois un médicament de ce groupe. Puis venaient les médicaments de l’appareil digestif, les antalgiques et les médicaments du système nerveux central dont les antalgiques, pour lesquels les taux de consommateurs sont de 16 à 17 %.

Une autre particularité française est la consommation importante de psychotropes. La France se situe depuis de nombreuses années parmi les plus grands consommateurs de certaines classes thérapeutiques tels que les tranquillisants et hypnotiques.

 

Les personnes vivant en institution semblent consommer plus de médicaments que celles vivant au domicile. Dans l’étude PAQUID,  elles consommaient en  moyenne 5,2 médicaments par jour, 56% d’entre elles prenant plus de 4 médicaments.

 

Prescription inadéquate chez la personne âgée

 

L’importante consommation médicamenteuse chez la personne âgée et son corolaire la polymédication est souvent légitime. La polymédication est directement liée à la polypathologie.

Cependant, la polymédication augmente le risque iatrogène et diminue l’observance des traitements.

La prescription peut être inadéquate, parce qu’excessive, ou au contraire insuffisante, ou bien encore inappropriée, car d’autres médicaments que ceux prescrits sont disponibles qui sont plus efficaces ou mieux tolérés.

 

L’excès de traitements ( » Overuse « )

Il concerne la prescription de médicaments pour lesquels il n’y a pas d’indication ou qui ont une efficacité limitée ou non démontrée.

Dans l’étude ESPS 2000, parmi les 30 premiers médicaments achetés par les sujets âgés, on trouvait 6 antalgiques, 3 vasodilatateurs et 3 veinotoniques. Huit de ces 30 premiers médicaments sont des produits pour lesquels la Commission de Transparence a rendu un avis de  » service médical rendu  » insuffisant.

En termes de dépenses, le classement était différent : l’oméprazole était en première position, suivi par la simvastatine, la trimétazidine et le Ginko biloba. Hors, la prescription d’ oméprazole et de trimétazidine chez le sujet âgé sort souvent du cadre de l’AMM, l’utilisation des statines fait toujours l’objet de controverses après 75 ans, et le Ginko biloba a un  » service médical rendu  » insuffisant.

 

La prescription inappropriée ( » misuse « )

Elle est définie par le fait que le risque du médicament dépasse le bénéfice escompté. Beers a le premier défini une liste de médicaments considérés comme inappropriés chez le sujet âgé vivant en institution, critères revus ensuite pour les adapter à une population ambulatoire. A titre d’exemple, l’association dextropropoxyphène – paracétamol qui est en France le médicament le plus acheté par les sujets âgés est considéré par Beers comme inapproprié. Mais, ces critères ne font pas l’objet d’un consensus et ne résument pas tous les cas de prescription inappropriée.

Dans l’étude SAFEs (Sujet Agé Fragile: Evaluation et suivi) qui a inclus 1306 patients hospitalisés de 75 ans et plus (SAFEs), le nombre moyen de médicaments était de  5.7 +/- 2.9 par patient. 28% des patients patients prenaient au moins un médicament inapproprié (selon la liste de Beers). 589 (50.1%) avaient pris au moins un psychotrope dans les deux semaines précédant l’hospitalisation (en moyenne 1.6 +/- 0.9 psychotropes par patient). La prise d’un psychotrope était liée à:

–      démence (odds ratio [OR] = 1.4; 95% CI 1.1, 1.9; p = 0.03),

–      Syndrome dépressif (OR = 1.7; 95% CI 1.3, 2.1; p < 0.001),

–      Vie en institution (OR = 2.2; 95% CI 1.5, 3.4; p < 0.001),

–      Ustilisation de plus de 5 médicaments (OR = 3.2; 95% CI 2.5, 4.2; p < 0.001),

–      Index de comorbidité de Charlson (OR = 0.6; 95% CI 0.5, 0.8; p = 0.001).

 

 

L’insuffisance de traitement ( » underuse »)

Elle se définit par la non prescription d’un traitement efficace, chez les sujets ayant une pathologie, pour laquelle une ou plusieurs classes médicamenteuses ont démontré leur efficacité.

L’insuffisance de traitement concerne un grand nombre de maladies chroniques :

  • HTA systolique
  • Insuffisance coronaire : aspirine, b -bloquant et IEC
  • Insuffisance cardiaque : IEC et b-bloquant
  • Fibrillation auriculaire non valvulaire : AVK
  • Dépression : antidépresseur
  • Ostéoporose fracturaire : calcium / vitamine D et biphosphonates
  • Morphine dans les douleurs intenses non contrôlées par les autres traitements antalgiques

Ce défaut de traitement ne peut pas s’expliquer seulement par l’insuffisance d’évaluation des médicaments chez le sujet âgé avant leur mise sur le marché, insuffisance qui est cependant bien réelle. Les essais cliniques incluent en effet trop peu de malades âgés et surtout de malades très âgés et/ou polypathologiques, de sorte qu’il est de bien difficile d’évaluer le rapport bénéfice / risque d’un médicament dans cette population. L’underuse s’explique aussi par une crainte souvent exagérée de la survenue d’effets secondaires et par une incapacité des prescripteurs à réévaluer les traitements et à les remettre en cause.

 

 

Iatrogénie

 

Les effets indésirables médicamenteux sont plus fréquents chez les personnes âgées, plus graves et moins faciles à diagnostiquer: il faut toujours y penser !

Dix à 20% de ces effets indésirables sont suffisamment graves pour conduire à une hospitalisation. Les pathologies iatrogènes représenteraient entre 5 et 10 % des motifs d’hospitalisation après 65 ans et plus de 20 % après 80 ans.

Les études ont montré que, parmi ces effets indésirables médicamenteux, 30 à 60% sont prévisibles  et évitables. Ils résultent le plus souvent de l’action pharmacologique du médicament et sont dose – dépendants.

Les symptômes révélateurs peuvent être évocateurs : hémorragie digestive sous AVK, coma sous sulfamides hypoglycémiants, constipation et opiacés…. Ils sont le plus souvent non spécifiques : troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhée), anorexie, malaises, chutes, troubles du comportement, de la vigilance, confusion, troubles du sommeil, sensations vertigineuses,… Une cause médicamenteuse doit être systématiquement évoquée devant toute altération de l’état de santé d’une personne âgée dont l’explication n’est pas d’emblée évidente. C’est le « réflexe iatrogénique ».

Dans une étude prospective ayant duré 6 mois dans deux hôpitaux anglais en 2001-2002, parmi 18820 admissions consécutives, un effet indésirable médicamenteux était observé dans 6.5% des cas qui expliquait totalement l’hospitalisation dans 80% des cas. L’âge moyen des patients ayant à l’entrée un effet indésirable médicamenteux était de 76 ans versus 66 ans pour les autres patients. Parmi ces effets indésirables, 72 % étaient considérés par les auteurs comme évitables. Les médicaments les plus impliqués étaient: les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) 29.6%, devant les diurétiques 27.3 %, les antivitamine K (AVK) 10.5%, puis les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), sartans, antidépresseurs, b-bloquants et morphiniques.

Facteurs favorisant la iatrogénie

 

Facteurs de risque liés au patient

 

Vieillissement

Les modifications pharmacocinétiques sont les plus importantes :

- réduction de la fonction rénale: la posologie des médicaments à élimination rénale doit être adaptée au débit de filtration glomérulaire, qui peut être évaluée simplement par la formule de Cockcroft ou la formule MDRD;

Formule de Cockcroft

  • Homme : Cl (ml/mn) = (140-âge) x poids en kg

Créatininémie (µmol/l) x 0.8

  • Femme : Cl (ml/mn) = (140-âge) x poids en kg x 0.85

Créatininémie (µmol/l) x 0.8

- hypoprotidémie chez les patients dénutris qui s’associe à un risque de surdosage des médicaments fortement fixés aux protéines plasmatiques par augmentation de la fraction libre active et à un risque d’interactions compétitives pour les composés à forte affinité (AVK, sulfamides hypoglycémiants, AINS, fibrates…) ;

- diminution du rapport masse maigre/masse grasse et qui change les volumes de distributions, les médicaments lipophiles ayant tendance à être stockés fortement puis relargués. Ainsi, les Benzodiazépines, liposolubles, ont une demi-vie augmentée chez le sujet âgé ;

- modification de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique pouvant entraîner une plus grande sensibilité aux médicaments agissant au niveau du système nerveux central (notamment effet sédatif).

D’autres changements liés à l’âge comme celles du métabolisme hépatique (diminution de la masse hépatique, du flux sanguin hépatique) ou de l’absorption digestive (diminution de la sécrétion acide gastrique, de la vidange gastrique, de la motilité gastrointestinale, du débit sanguin et de la surface d’absorption) jouent un rôle moindre en pratique.

Au total, en ce qui concerne les modifications pharmacocinétiques liées au vieillissement :

• les médicaments ne sont pas tous concernés,

• les variations inter-individuelles sont importantes,

• les données sont incomplètes, parfois contradictoires,

• le retentissement clinique reste incertain sauf en ce qui concerne le rein.

Les modifications pharmacodynamiques sont moins bien connues et semblent jouer un rôle moins important. Cependant, il faut tenir compte :

-       de l’altération avec l’âge du tissu nodal cardiaque qui peut entraîner une plus grande sensibilité à certains médicaments (risque majoré de troubles conductifs) ;

-       de la diminution avec l’âge de la réponse aux catécholamines par défaut de transduction du message en aval des récepteurs bêta-adrénergiques ;

-       de la diminution et de la moindre sensibilité des récepteurs dopaminergiques au niveau du système nerveux central ;

-       de la plus grande sensibilité du sujet âgé aux benzodiazépines ;

-       de la moindre efficacité des bêta-2 mimétiques chez le sujet âgé en raison d’une diminution du nombre ou de la sensibilité des récepteurs bêta-2 adrénergiques (alors qu’au contraire les anticholinergiques gardent toute leur efficacité chez le sujet âgé;

La modification des systèmes de régulation joue un rôle important : par exemple de la régulation tensionnelle, du débit sanguin cérébral, de la soif…

Facteurs sociaux

- isolement social ou géographique,

- dépendance,

- changements de mode de vie (déménagement, institutionnalisation),

- conditions climatiques extrêmes

Comorbidité

La dépendance physique ou psychique, la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées (et psychotropes ou anticholinergiques), la baisse de l’acuité visuelle ou de l’audition, les troubles de la déglutition, la dénutrition (médicaments liés à l’albumine), les déficiences rénales, cardio-respiratoires ou hépatiques,  l’hypertrophie prostatique  (et anticholinergiques)… augmentent le risque de survenue d’un accident iatrogène.

La survenue d’une pathologie aiguë, en déséquilibrant le traitement habituellement pris par le patient, augmente considérablement le risque iatrogène. Ainsi, la déshydratation en causant une insuffisance rénale fonctionnelle, augmente les concentrations plasmatiques des médicaments éliminés par le rein.

Défaut d’observance

Adéquation entre les recommandations du médecin et le comportement du patient, l’observance concerne aussi bien le suivi de la prescription des médicaments que les conseils et la planification des soins. Les traitements non suivis ou les médicaments pris à des doses excessives par rapport à celles prescrites constituent des défauts d’observance.

Les études sur l’observance des personnes âgées sont relativement peu nombreuses de sorte que l’impact clinique d’un défaut d’observance des traitements est mal connu.

Le défaut d’observance peut favoriser la survenue d’effets indésirables par sur-dosage ou sevrage intempestif, et conduire à un échec thérapeutique (en cas de sous-dosage), exposant alors à la prescription de médicaments supplémentaires avec les conséquences potentielles en termes d’iatrogénie et de surcoût financier.

On considère habituellement qu’un patient âgé sur deux n’est pas observant, mais ce chiffre n’est probablement pas différent chez l’adulte jeune. Environ 90 % de la non observance est sous forme de sous-médication (doses, horaires, produits oubliés, etc.).

Les traitements concernés sont principalement les affections chroniques, les affections ayant peu de signes fonctionnels (HTA, maladies métaboliques) ou les affections neuro-psychiatriques.

Plus que l’âge lui-même, les facteurs qui favorisent la mauvaise observance sont :

  • le nombre, la durée et la complexité des prescriptions,
  • le manque d’information,
  • l’incapacité à prendre (troubles de la vision, difficultés à manipuler les flacons, ouvrir les bouchons, couper les comprimés……) ou à comprendre (troubles cognitifs),
  • l’absence de perception ou la sous-estimation de la gravité potentielle de la maladie,
  • l’attitude de déni de la maladie,
  • l’auto-observation d’un effet indésirable que le malade n’ose pas déclarer,
  • des avis apparemment divergents entre les prescripteurs ou entre médecin et soignant,
  • un syndrome dépressif,
  • le coût élevé, l’absence de ticket modérateur,
  • les hospitalisations au cours desquelles le traitement est fréquemment modifié sans que le patient en soit correctement informé,
  • les génériques.

Automédication

L’automédication correspond à la prise d’un médicament en l’absence de prescription médicale

Il y a l’automédication par consommation de médicaments accessibles sans ordonnance.  Il y a surtout l’automédication par consommation de médicaments de l’armoire à pharmacie familiale. L’automédication est fréquente chez le sujet âgé (1/3 des patients selon une étude).

Les médicaments les plus souvent impliqués sont les antalgiques, l’aspirine, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les laxatifs. Cette automédication, sans faire l’objet d’une interdiction stricte, doit systématiquement être recherchée et le patient doit être informé des risques auxquels il s’expose.

Nomadisme médical

A l’origine de prescriptions multiples par des prescripteurs multiples sans coordination.

 

Facteurs de risque liés aux médicaments

 

  • Polymédication+++ : le nombre d’effets secondaires augmente exponentiellement avec le nombre de médicaments administrés. Il a été démontré que la diminution du nombre de médicaments administrés réduit significativement les effets secondaires sans altérer la qualité de vie,
  • Interactions médicamenteuses,
  • Marge thérapeutique étroite,
  • Longue ½ vie,
  • Documentation pré-AMM insuffisante (la plupart des médicaments de référence n’ont pas fait l’objet d’études spécifiques chez les sujets âgés et très âgés, sains ou polypathologiques),
  • Sous-estimation des évènements post-AMM.

 

Facteurs de risque liés à la prescription

 

  • Objectifs et/ou moyens thérapeutiques inadaptés au malade,
  • Désir louable mais utopique de vouloir tout traiter en même temps,
  • Méconnaissance des associations dangereuses ou contradictoires,
  • Défaut d’approche globale du sujet âgé au profit de traitements symptomatiques,
  • Redondances,
  • Méconnaissance de la comorbidité,
  • Connaissance insuffisante des modalités de prescription du médicament,
  • Efficacité non validée,
  • Dose excessive ou inadaptée aux insuffisances,
  • Durée non précisée ou indapatée,
  • Existence d’une alternative thérapeutique plus efficace ou mieux toléré,
  • Indications non validées,
  • Absence d’harmonisation de l’ensemble des prescriptions,
  • Information insuffisante du malade et de son entourage,
  • Réévaluation thérapeutique et/ou surveillance inadaptées. Il est souvent difficile pour le médecin traitant d’interrompre un médicament, en particulier lorsqu’il a été initié par un médecin spécialiste.
  • un relâchement de la surveillance clinique et biologique de médicaments longtemps bien tolérés.

Le tableau 1 présente les principales situations à risque chez le sujet âgé.

 

Les bonnes règles de prescription chez le sujet âgé

 

Les médicaments sont d’abord une chance pour la personne âgée, pourvu qu’ils soient bien utilisés.

 

Principes généraux

  • L’âge ne contre-indique aucun traitement.
  • L’âge peut modifier les objectifs et les modalités des traitements.
  • Le traitement  ne se limite pas à la prescription de médicaments, il comporte aussi une approche non médicamenteuse et psychologique.

 

Avant de prescrire

 

  • Ecouter, examiner ;
  • Comprendre la demande du patient ;
  • Faire le ou les diagnostics. Ne pas s’arrêter aux symptômes ;
  • Connaître tous les antécédents du patient ;
  • Connaître tous les médicaments pris par le patient ;
  • Connaître l’état cognitif et le mode de vie du patient ;
  • Connaître le poids, la fonction rénale, la TA couché et debout, l’état d’hydratation, l’état nutritionnel ;
  • Hiérarchiser les pathologies ;
  • Fixer des objectifs raisonnables en tenant compte du pronostic vital et fonctionnel du patient et de ses souhaits ;

 

Au moment de prescrire

 

  • Choisir le médicament ayant le meilleur rapport bénéfice/risque, le moins d’effets secondaires et d’interactions, la demi-vie la plus courte (sauf pour les AVK), le plus simple à prendre: 1 prise par jour, ayant la voie d’administration et la forme galénique la plus adaptée aux handicaps du patient, le moins cher;
  • Bien connaître le médicament choisi: voie d’élimination, demi-vie plasmatique, principales interactions médicamenteuses et principaux effets secondaires ;
  • Adapter la posologie à la fonction rénale en cas de médicament à élimination rénal;
  • Expliquer pour chaque médicament: son choix, son but, ses modalités, ses effets indésirables possibles en expliquant comment agir s’ils survenaient ;
  • Fixer la durée du traitement ;
  • Rédiger une ordonnance lisible ;
  • S’assurer que le traitement est bien compris ;
  • S’assurer que le traitement pourra être pris (pilulier, semainier,…). Si besoin, évaluer la capacité et la disponibilité de l’entourage pour assister le malade dans la prise des médicaments.

 

Après la prescription

 

  • Surveiller (programmer la surveillance clinique et paraclinique ;
  • Evaluer et réévaluer régulièrement: efficacité, tolérance ;
  • Savoir « déprescrire » c’est-à-dire arrêter un ou des médicaments transitoirement ou définitivement,
    • Parce que le malade est guéri ou le facteur déclenchant de la décompensation a disparu ;
    • Parce que la hiérarchie des pathologies à traiter à changé ;
    • Parce que la thérapeutique à échoué ;
    • Parce qu’une  pathologie iatrogène est suspectée ;
    • Parce que le médicament est d’utilité et/ou d’efficacité insuffisamment prouvées.
  • Améliorer l’observance : avant la prescription, il faut évaluer a priori la qualité potentielle de l’observance et les facteurs favorisant les erreurs. Lors de la prescription, il est nécessaire d’informer le malade, les soignants et l’entourage, à la fois de l’intérêt du traitement, mais aussi des risques de mal le suivre; les ordonnances doivent être expliquées, limitées aux médicaments indispensables et indiquer des heures d’administration mémorisables et limitées en nombre. Lors de la surveillance du traitement, une écoute attentive du malade et des soignants doit permettre de dépister une mauvaise observance débutante.

 

Tableau 1 : Situations à risque de survenue d’un effet indésirable médicamenteux

  • Prescription chez les sujets :
    • Polypathologiques
    • Insuffisants rénaux
    • Dénutris
    • Ayant un équilibre cardiovasculaire précaire
    • Déments
    • Ayant des troubles de l’équilibre et de la marche
    • Ayant un déficit sensoriel
    • Prescription d’un médicament :
      • A marge thérapeutique étroite
      • Psychotrope
      • Cardiovasculaire
      • Récemment mis sur le marché
      • Association de principes actifs
      • Avec d’autres ayant une même action pharmacologique
      • Affection intercurrente aiguë :
        • Troubles digestifs, fièvre avec anorexie, coup de chaleur et toute situation induisant une déplétion sodée
        • Infection

 

Pour en savoir plus

 

  1. Afssaps. Mise au point : prévenir la iatrogénèse médicamenteuse chez le sujet âgé Juin 2005
  2. Avray L Sermet C. Enquête Santé et Protection Sociale (ESPS). Consommations et prescriptions  pharmaceutiques chez les personnes âgées. Un état des lieux. Gérontologie et Société 2002;103:13-27.
  3. Beers MH, Ouslander JG, Rollingher I, Reuben DB, Brooks J, Beck JC. Explicit criteria for determining inappropriate medication use in nursing home residents. UCLA Division of Geriatric Medicine. Arch Intern Med 1991;151(9):1825-32.
  4. DRESS ; Le marché du médicament dans cinq pays européens, structure et évolution en 2004, Etudes et Résultats, 502, 2006 : 7
  5. Fick DM, Cooper JW, Wade WE, Waller JL, Maclean JR, Beers MH. Updating the Beers criteria for potentially inappropriate medication use in older adults: results of a US consensus panel of experts. Arch Intern Med 2003; 163: 2716–24.
  6. Haute Autorité de Santé. Programme EPP. Prescription chez le sujet âgé (outils téléchargeables et synthèse bibliographique) www.has-sante.fr
  7. Haut Conseil Pour l’Avenir de l’Assurance Maladie, Rapport du haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, 2006, 129
  8. Lechevallier-Michel N, Gautier-Bertrand M, Alperovitch A, Berr C, Belmin J, Legrain S, et al. Frequency and risk factors of potentially inappropriate medication use in a community-dwelling elderly population: results from the 3C Study. Eur J Clin Pharmacol 2005;60(11):813-9.
  9. Mallet L, Spinewine A, Huang A. Prescribing In Elderly People 2. The challenge of managing drug interactions in elderly people. Lancet 2007; 370: 185–91.
  10. Pirmohamed M, James S , Meakin S, Green C, Scott AK, Walley TJ, et al. Adverse drug reactions as cause of admission to hospital: prospective analysis of 18 820 patients BMJ 2004;329:15–19.
  11. Prudent M, Dramé M, Jolly D, et al. Potentially Inappropriate Use of Psychotropic Medications in Hospitalized Elderly Patients in France : Cross-Sectional Analysis of the Prospective, Multicentre SAFEs Cohort. Drugs Aging. 2008;25:933-46.
  12. Spinewine A, Schmader KE, Barber N, Hughes C, Lapane KL, Swine C, Hanlon JT. Prescribing in Elderly People 1. Appropriate prescribing in elderly people: how well can it be measured and optimised? Lancet 2007; 370: 173–84.

 

 

 

L’INVALIDITE AU REGIME GENERAL DE SECURITE SOCIALE

L’INVALIDITE AU REGIME GENERAL DE SECURITE SOCIALE

Ce qu’il faut savoir

 

Docteur Philippe PETIT

 

 

1. Définitions

 

1.1 Code de la Sécurité Sociale

Article L. 341-1 CSS

«L’assuré a droit à une pension d’invalidité lorsqu’il présente une invalidité réduisant dans des proportions déterminées sa capacité de travail ou de gain, c’est-à-dire le mettant hors d’état de se procurer, dans une profession quelconque, un salaire supérieur à une fraction de la rémunération normale perçue dans la même région, par des travailleurs de la même catégorie, dans la profession qu’il exerçait avant la date d’interruption de travail suivie d’invalidité ou la date de constatation médicale de l’invalidité si celle-ci résulte de l’usure prématurée de l’organisme ».

 

1.2 Caractéristiques

L’assurance INVALIDITE a pour objectif de compenser une perte de gain liée à une réduction de la capacité de travail du fait d’un ETAT GLOBAL résultant d’une pathologie ou d’une association de pathologies médicales et/ou accidentelles. Il s’agit d’un risque particulier dans la branche maladie.

D’emblée, il faut bien faire la différence entre :

  • Invalidité du Régime Général (notre sujet)
  • Carte d’invalidité de la MDPH (maison départementale des personnes handicapées)
  • Taux d’invalidité des différents régimes d’assurance.

En règle générale, l’instruction d’un dossier d’invalidité s’inscrit dans le droit fil d’un arrêt de travail de longue durée (article L 324-1 du code de la sécurité sociale) et la pension d’invalidité se substitue ainsi aux indemnités journalières de l’Assurance Maladie.

Plus exceptionnellement, si l’assuré n’est pas en arrêt de travail à la date de la demande d’invalidité et s’il n’a pas eu d’indemnités journalières dans l’année qui a précédé cette demande, le médecin conseil aura à se prononcer sur la réduction de la capacité de travail ou de gain : il s’agit alors de la reconnaissance d’invalidité au titre de l’Usure Prématurée de l’Organisme.

La pension d’invalidité relève d’un droit propre, elle est réservée aux assurés sociaux.

 

A l’âge légal d’ouverture du droit à pension de retraite :

  • la pension d’invalidité est transformée en pension vieillesse au titre de l’inaptitude au travail (sauf si l’assuré s’y oppose), si l’assuré n’exerce aucune activité professionnelle.
  • à compter du 1er mars 2010, l’assuré invalide exerçant une activité professionnelle doit expressément demander, s’il le souhaite, à bénéficier d’une pension vieillesse au titre de l’inaptitude. A défaut, il continue à bénéficier de sa pension d’invalidité jusqu’à sa demande de retraite et au plus tard jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de la retraite à taux plein.

Exonération du ticket modérateur :

Les bénéficiaires de l’invalidité (même suspendue) sont exonérés du ticket modérateur pour l’ensemble des soins, sauf les médicaments à vignette bleue (remboursée à 35 %).

Cette exonération se poursuit après la transformation de la pension d’invalidité en pension vieillesse.

 

 

2 Ouverture des droits

 

2.1 Conditions d’âge

Avoir un âge inférieur à l’âge d’ouverture du droit à pension de retraite en application de la Loi n°2010-330 du 09 novembre 2010, portant réforme de la retraite, selon le tableau ci-dessous :

 

 

 

 

Date de

naissance de

l’assuré

Age potentiel de

liquidation de la retraite

à taux plein si nombre

de trimestres requis

Age de la retraite à

taux plein même si

pas nombre de

trimestres requis

Année potentielle limite

de mise en invalidité

1er juillet / 31

décembre 1951

60 ans et 4 mois 65 ans et 4 mois 2011 plus 4 mois après la

date anniversaire

1952 60 ans et 9 mois 65 ans et 9 mois 2012 plus 9 mois après la

date anniversaire

1953 61 ans et 2 mois 66 ans et 2 mois 2014 plus 2 mois après la

date anniversaire

1954 61 ans et 7 mois 66 ans et 7 mois 2015 plus 7 mois après la

date anniversaire

1955 62 ans 67 ans 2017 à la date

anniversaire

 

Exemple : un assuré est né le 1er janvier 1954, il pourra être mis en invalidité jusqu’à l’âge de 61 ans et 7 mois, c’est-à-dire avant 2015 plus 7 mois après la date anniversaire

 

2.2 Conditions administratives

  • Obligation de 12 mois d’immatriculation
    • Obligation d’un nombre d’heures minimum de travail (effectif ou assimilé) au cours d’une période de référence :

- 800 heures au cours de l’année civile ou au cours des 4 trimestres précédant la date d’interruption de travail suivie d’invalidité dont 200 heures au cours du 1er trimestre (le plus éloigné de la date d’interruption de travail).

Ces conditions administratives sont indispensables, et sont étudiées uniquement par la Caisse Primaire.

 

 

3 Conditions médico – administratives

 

Article L. 341-2 CSS

Cet article précise les conditions permettant d’envisager l’état d’invalidité tel que défini par l’article L 341-1.

Ces conditions sont appréciées en fonction d’un état global prenant en compte l’état général, l’âge, les facultés physiques ou mentales ainsi que les aptitudes et la formation professionnelle de l’assuré.

Elles associent pour un assuré n’ayant pas atteint l’âge d’ouverture du droit à pension de retraite :

  • une réduction de la capacité de travail ou de gain de plus de 2/3
    • l’impossibilité de prétendre à une rémunération supérieure au 1/3 du salaire de référence.

C’est dire que si le fait médical est un élément essentiel pour la décision, les renseignements d’ordre social et professionnel jouent aussi un rôle important.

Ainsi le médecin conseil doit procéder à une évaluation globale de l’incapacité de travail ou de gain de l’assuré

La réglementation n’interdit pas le cumul avec un revenu d’activité professionnelle, dans la limite du revenu antérieur.

 

 

4 Modes d’entrée

 

4.1 Origine de la demande

La procédure peut être mise en œuvre à l’initiative :

  • de l’assuré, du conjoint survivant, du médecin traitant (dans ces cas de « demande directe », le délai de réponse de la Caisse est de 2 mois),
  • du Service du contrôle médical (dans le cadre du suivi de l’arrêt de travail),
  • de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (à forclusion des droits aux indemnités journalières).

 

4.2 Prévention de l’invalidité dans le cadre de l’article L 324-1

L’invalidité fait habituellement suite à une prise en charge au titre de l’Assurance Maladie (indemnités journalières), qu’il s’agisse d’une pathologie médicale ou accidentelle (hors risque professionnel).

La gestion par le médecin conseil de l’arrêt de travail, dans le cadre de l’article L 324-1 (affection de longue durée) a comme finalité première, la prévention de l’invalidité :

  • soit par une orientation précoce vers un reclassement professionnel s’il estime que le malade aura des difficultés à reprendre son activité antérieure,
  • soit par la notification de l’aptitude à la reprise d’une activité professionnelle quelconque, mettant ainsi fin aux indemnités journalières de l’Assurance Maladie (la capacité de travail n’étant pas réduite des 2/3).

Ainsi, pour tout arrêt de travail prolongé, et au plus tard avant la fin du 12ème mois, le médecin conseil devra établir un bilan médico-socio-professionnel complet (BMSP) : il devra, si possible, prendre en considération les difficultés physiques, psychologiques ou sociales qu’éprouvent les assurés en arrêt de travail prolongé à reprendre un emploi.

Le salarié peut solliciter auprès du médecin du travail une visite de pré-reprise (articles L 323-4-1 et D 323-3 du Code de la Sécurité Sociale) ; cette visite de pré-reprise doit être encouragée le médecin traitant et/ou le médecin conseil dans tous les cas où une réinsertion professionnelle semble possible soit au sein de l’entreprise, soit après une rééducation ou un reclassement professionnel.

 

4.3 Invalidité immédiatement après la fin des indemnités journalières

4.3.1 Par stabilisation (ou consolidation)

Stabilisation :

Moment où la maladie n’est plus susceptible d’amélioration significative sous l’effet de la thérapeutique et que la reprise d’un travail ne peut être définitivement envisagée.

Consolidation :

En cas d’accident non régi par la législation sur les accidents du travail : moment où la lésion se fixe et prend un caractère sinon définitif, du moins permanent, tel qu’un traitement n’est plus nécessaire si ce n’est pour éviter une aggravation.

En général, on utilise le terme «stabilisation» dans le risque maladie et on réserve le terme «consolidation» au risque professionnel (AT/MP) : cependant, il est licite d’employer le terme consolidation en lieu et place du terme stabilisation, quand la pathologie est d’ordre traumatique (par analogie à ce qui se passe en droit commun).

En pratique :

  • La stabilisation est le moment où le recul est suffisant pour estimer que la situation n’est plus susceptible d’évolution significative. C’est donc le moment où le médecin conseil, avec un recul suffisant, est capable de statuer sur la réduction de la capacité de travail ou de gain.
  • Le passage en invalidité peut survenir sur proposition du médecin conseil dès qu’il constate que l’état du malade n’est plus susceptible d’une amélioration telle, qu’une reprise d’une activité salariée soit envisageable (sous réserve que cette stabilisation se solde par une incapacité de travail ou de gain supérieure au 2/3).

Ce mode d’admission sera privilégié et proposé, au cours du suivi de l’arrêt de travail, dès que la stabilisation est acquise.

 

4.3.2 A la fin des droits aux indemnités journalières : forclusion

Articles L 324 -1 – L 323-1 – R 323-1 CSS.

  • Au terme de 3 ans d’indemnisation pour une affection individualisée (3 ans d’arrêt continu ou d’arrêts discontinus avec des reprises d’activité inférieures à 1 an),
    • Après 360 jours d’indemnités journalières en 3 ans pour des affections différentes.

La Caisse interroge le Service du contrôle médical sur la justification éventuelle d’une invalidité.

Le médecin conseil se prononce alors sur l’existence ou non d’une incapacité de gain au moins égale aux 2/3.

 

4.4 Invalidité en dehors de toute période d’indemnité journalière

4.4.1 L’assuré ne perçoit plus d’indemnités journalières depuis moins d’un an

Article L 341-8 CSS : Le médecin conseil se prononce à la date de la demande ou éventuellement au lendemain de la dernière indemnité journalière versée.

4.4.2 L’assuré ne perçoit pas d’indemnités journalières depuis plus d’un an

Le médecin conseil se prononce à la date de la demande au titre de l’usure prématurée de l’organisme.

 

4.5 Accompagnement de l’invalide

L’Assurance Maladie a créé une offre de service pour les personnes entrant en Invalidité : une information complète sur le dispositif « invalidité » sous forme de plaquette est remise à l’assuré par le service médical.

4.6 Mise en invalidité et information de l’employeur – Visite de reprise auprès du médecin du travail

Par deux arrêts des 25 janvier 2011 (n°09-42.766) et 15 février 2011 (n°09-43.172), la Cour de cassation est venue préciser que : « dès lors que le salarié informe l’employeur de son classement en invalidité de 2ème catégorie sans manifester la volonté de ne pas reprendre le travail, l’employeur doit le faire convoquer à une visite de reprise auprès du médecin du travail ».

A la lumière de cet arrêt, plusieurs situations peuvent se présenter :

Situation A : le salarié ne se présente pas dans l’organisme à l’expiration des arrêts de travail et n’informe pas son employeur de l’octroi de la pension d’invalidité

L’employeur peut, dans ce cas, lui demander de justifier de son absence. Si le salarié ne répond pas à cette demande, l’employeur peut le licencier pour faute (absence injustifiée).

Situation B : le salarié informe son employeur de son admission au bénéfice d’une pension d’invalidité.

L’employeur doit, dans cette hypothèse, organiser sans tarder la visite de reprise (Cass. Soc. 25/01/2011, n°09-42.766).

L’employeur devra ensuite organiser une deuxième visite devant le médecin du travail, de cette visite découlera pour l’employeur l’obligation de reclassement et, le cas échéant, l’obligation de procéder au licenciement pour inaptitude.

Situation C : le salarié informe son employeur de son admission au bénéfice d’une pension d’invalidité et exprime dans le même temps son souhait de ne pas reprendre le travail.

L’employeur n’a pas à organiser de visite de reprise.

S’agissant des salariés classés en invalidité depuis plusieurs mois ou années et toujours présents à l’effectif, cet arrêt ne devrait pas modifier la gestion des situations existantes. En effet, la volonté des salariés en invalidité de ne pas reprendre le travail pourrait valablement se présumer au regard de la durée de leur absence au travail.

 

 

5 Etats invalidants ne relevant pas de l’invalidité

 

5.1 Les éléments douverture de droits ne sont pas respectés

Quel que soit l’état clinique.

L’invalidité ne pourra pas être attribuée, l’assuré relève peut-être d’un autre type d’indemnisation :

  • après 60 ans : relève de l’inaptitude ?
  • avant 60 ans : droit éventuel à l’Allocation d’Adulte Handicapé (AAH) ?

(demande à faire auprès de la CAF par les personnes n’ayant pas de droits administratifs ouverts à l’invalidité).

 

5.2 Etat antérieur à limmatriculation

L’état clinique constaté à la date de la demande

  • existait AVANT la première immatriculation et ne s’est pas aggravé depuis
  • et il n’existe pas de nouvelle affection surajoutée

Dans ce cas, l’assuré peut demander le bénéfice de l’Allocation d’Adulte Handicapé.

 

5.3 Etat entièrement en rapport avec une pathologie indemnisée à un autre titre

•        Etat entièrement en rapport avec l’article L.115 des pensions militaires,

•        Etat entièrement en rapport avec les séquelles d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle déjà indemnisés

 

A noter : la mise en invalidité est toujours possible lorsqu’il existe une ou des affections déjà indemnisées en accident du travail ou par une pension militaire, et qu’une affection nouvelle se soit surajoutée. Dans ce cas, la réduction de la capacité de gain doit être au moins des 2/3 toutes pathologies confondues.

 

5.1 Les états évolutifs

Dans la limite de l’ouverture des droits aux indemnités journalières.

 

 

6 Cas particulier : le conjoint survivant

 

Le conjoint survivant de l’assuré ou du titulaire de droit à pension de vieillesse ou d’invalidité, qui est lui-même atteint d’une invalidité de nature à lui ouvrir droit à pension d’invalidité, bénéficie d’une pension de veuve ou de veuf

 

6.1 Conditions administratives :

  • conjoint de salarié du régime général,
  • âge inférieur à 55 ans,
  • absence de remariage.

 

6.2 Conditions médicales :

  • Réduction de la capacité de travail ou de gain de plus des 2/3 au moment de l’appréciation, par le médecin conseil,

 

6.4 A noter que la pension de veuve ou de veuf dun assuré invalide :

  • n’est jamais assortie de la majoration pour tierce personne
  • prend fin :

- * en cas de remariage

- * si le bénéficiaire cesse d’être invalide

- * à 55 ans, une pension vieillesse se substituant alors à l’ancienne pension.

 

 

7 Catégories

 

7.1 Définitions

L’appréciation de la réduction de capacité de travail ou de gain permet de classer les invalides en :

  • catégorie 1 : invalides capables d’exercer une activité rémunérée,
  • catégorie 2 : invalides absolument incapables d’exercer une profession quelconque,
  • catégorie 3 : invalides qui, étant absolument incapables d’exercer une profession, sont, en outre, dans l’obligation d’avoir recours à l’assistance d’une tierce personne pour effectuer les actes ordinaires de la vie.

N.B. : le classement dans la 2ème ou 3ème catégorie des invalides, étant une appréciation médicale d’un handicap, ne saurait constituer une interdiction de travailler.

L’invalidité est toujours attribuée à titre temporaire et l’amélioration de l’état de santé ou, le plus souvent, l’adaptation d’un poste de travail, permet à un certain nombre de ces malades d’exercer une activité. S’appliqueront alors des règles administratives de limitation de cumul.

 

7.2 Montant de la pension

La pension d’invalidité est versée mensuellement et basée sur le salaire annuel moyen (S.A.M.) calculé à partir des dix meilleures années.

Elle est liquidée sur la base de :

•        30% du S.A.M. pour la 1ère catégorie

•        50% du S.A.M. pour la 2ème catégorie

•        50% du S.A.M. pour la 3ème catégorie + majoration tierce personne

Les pensions d’invalidité sont revalorisées chaque année.

 

7.3 Majoration de tierce personne

C’est l’incapacité d’effectuer seul, les actes ordinaires de la vie.

La définition de ces actes, précisée par une réponse ministérielle du 19 février 1958, a été complétée par la jurisprudence de la Cour de Cassation et de la Commission Nationale Technique.

Sont limitativement considérés comme tels :

  •  l’alimentation : boire, manger
  • La toilette : se laver, s’habiller
  • L’autonomie locomotrice : se lever, se coucher, se déplacer dans son logement
  • Procéder à ses besoins naturels

 

Remarque :

Ces actes ordinaires de la vie sont distincts des actes domestiques (aide ménagère).

 

 

8 Voies de recours

 

Sujet du litige Contentieux compétent
- Stabilisation au cours d’un arrêt de travail :

l’assuré peut contester une stabilisation avant la fin

du droit aux indemnités journalières

- Etat antérieur à l’immatriculation

NON aggravé depuis celle-ci et absence

d’affection nouvelle

- Etat déjà totalement indemnisé par une autre

législation

(accident du travail – article 115 pension militaire)

et absence d’affection nouvelle

EXPERTISE MEDICALE

L.141-1

DU     CODE     DE     LA    SECURITE

SOCIALE

- Refus d’ordre administratif (exemple : litige sur

ouverture des droits)-

CONTENTIEUX GENERAL

(CRA puis TASS …)

- Réduction de la capacité de gain inférieure au

2/3

CONTENTIEUX TECHNIQUE

(TCI puis CNITAAT)

 

 

9 Points essentiels

 

  • Etat global. Il prend en compte l’état clinique mais aussi le contexte socio-économique.
  • Etat antérieur NON aggravé. Relativement facile quand la première immatriculation est récente, beaucoup plus difficile quand l’assuré a travaillé 15 ou 20 ans …
  • Stabilisation. Etat globalement stable et l’assuré n’est plus apte à travailler. Mais aussi : état évolutif, péjoratif pour un assuré qui ne sera plus jamais apte à retravailler.
  • Réduction de 66 % de la capacité de gain. Ce critère est commun à toutes les catégories d’invalidité : il peut être difficile à évaluer.
  • Catégorie 1 ou 2. Etre ou ne pas être apte à exercer une activité aménagée ou à temps partiel
  • Catégorie 3. Assistance d’une tierce personne pour les actes essentiels de la vie

 

LA PUBERTE PRECOCE

LA PUBERTE PRECOCE

Age, causes, conséquences… quel avenir ?

Docteur Sophie LEVIVIER

 

La puberté est l’ensemble des modifications physiques, métaboliques, endocriniennes et psychiques qui vont permettre le passage de l’enfance à l’âge adulte, et l’acquisition de la  fonction de reproduction. Elle se superpose à peu de choses près à la période de l’adolescence.

La puberté précoce est un motif de consultation fréquent en pédiatrie. Elle pose plusieurs problèmes : la puberté est elle réellement précoce ? Si oui, est-elle d’origine centrale ou périphérique ? Quelle est son étiologie ? Un traitement est il nécessaire ? Pour quels objectifs ?

Pour répondre à ces questions, un bon interrogatoire et un examen clinique précis sont nécessaires, complétés par quelques examens paracliniques incontournables tels une radiographie squelettique pour déterminer l’âge osseux, et une échographie pelvienne. Les dosages biologiques seront réalisés en deuxième intention si les premiers orientent vers un diagnostic de puberté précoce.

Ainsi, repérer rapidement une puberté pathologique conduit à la réalisation d’explorations  afin d’initier une thérapeutique adéquate, pour un pronostic optimal. Reconnaître une puberté normale permet en outre d’éviter des investigations inutiles, et anxiogènes pour les patients.

  1. 1.   La puberté « normale »

La puberté normale survient entre 8 et 13 ans chez la fille, entre 9 et 14 ans chez le garçon.

Elle se caractérise par :

-       l’apparition des caractères sexuels secondaires

-       un gain statural

-       des modifications de la composition corporelle et de la masse osseuse

 

  1. 1.    Les caractères sexuels secondaires :

Ils seront appréciés par l’examen clinique, en comparant aux Stades de Tanner (fig.1)

PubertePrecoce-1

 

A. Chez la fille :

Par ordre d’apparition, l’on retrouve :

 

  1. a.     Le développement de la glande mammaire :

Les bourgeons mammaires apparaissent entre 10,5 et 11 ans, sont volontiers asymétriques et parfois douloureux. La glande se mature jusque l‘âge de 15 ans.

De façon concomitante, ou en décalage de quelques mois, apparaît.

  1. b.     La pilosité pubienne :

De type sexuel, constituée de poils longs et drus, à bien différencier d’un simple duvet pubien. Elle se complète en 2 ans.

  1. c.     La pilosité axillaire :

Elle apparaît plus tardivement.

 

  1. d.     Les modifications vulvaires :

La vulve se modifie : elle passe de la position verticale à la position horizontale, les petites lèvres se développent, le volume clitoridien augmente, les muqueuses deviennent rosées et sécrétantes (leucorrhées).

Enfin apparaissent

  1. e.     Les ménarches :

2 à 3 ans après le développement de la glande mammaire.

L’âge des ménarches se situe en moyenne vers 13 ans (10 à 15 ans). Les cycles sont initialement irréguliers et anovulatoires,  pendant 1 à 2 ans.

 

B. Chez le garçon :

On retrouvera chronologiquement :

  1. a.     l’augmentation du volume testiculaire :

Un volume testiculaire supérieur à 4 mL signe l’entrée en puberté.  On l’apprécie à l ‘aide d’un orchidomètre (photo). On peut aussi mesurer le grand axe qui est alors supérieur à 2,5 cm.  Cette augmentation survient en moyenne vers  l’âge de 11,5 ans (9,5 à 14 ans).

PubertePrecoce-2

  1. b.     la pilosité pubienne :

Elle apparaît vers l’âge de 12 ans, les caractéristiques sont les même que chez la fille.

 

  1. c.     l’augmentation de la verge :

Au début du pic pubertaire, elle mesure 5-6 cm.

 

  1. d.     La pilosité axillaire :

Elle apparaît plus tardivement, pour un stade de pilosité pubienne P4.

 

  1. e.     La pilosité faciale ,corporelle, mue de la voix

ATTENTION : une gynécomastie bilatérale parapubertaire peut apparaître en milieu de puberté. Elle survient dans 30 à 65% des cas. Elle n’a aucune valeur pathologique et régresse en quelques mois.

 

  1. 2.     Le gain statural :

 

La puberté se caractérise également par une accélération de la vitesse de croissance, qui  passe de 5-6 cm par an avant la puberté à 8-9 cm par an au moment du pic pubertaire. Ce pic survient vers 12 ans chez, la fille, et est décalé de 2 ans chez le garçon.

Il est rendu possible grâce à l’action synergique des stéroïdes sexuels avec l’hormone de croissance (GH) via l’IGF-1. Le gain statural moyen est de 20 à 25 cm. La croissance touche d’abord les os longs, conférant au sujet un aspect macroskèle, puis le rachis en fin de puberté.

Les filles grandissent en moyenne de 4 à 7 cm après l’apparition des règles. La taille finale est obtenue vers 16 ans, en moyenne 163 cm.

La taille finale du garçon est obtenue vers 18 ans, en moyenne 175 cm.

 

  1. 3.     Les modifications corporelles et la masse osseuse :

 

Il existe également un accroissement pondéral (8,5 kg par an chez la fille), par augmentation de la masse maigre mais surtout de la masse grasse, et de la masse musculaire chez le garçon.

D’où l’importance de ne pas débuter la puberté en surpoids.

 

Enfin, plus de la moitié du calcium contenu dans le squelette de l’adulte est acquise en fin de période pubertaire.

D’où la nécessité d’une nutrition adéquate au cours de cette période (produits laitiers, vitamine D).

 

  1. 4.     Les examens complémentaires :

 

  1. a.     L’âge osseux :

Il consiste en la réalisation d’une radiographie du poignet et de la main gauches, que l’on interprète par comparaison avec les standards de Greulich et Pyle. On peut également faire une radio du coude (méthode de Nahum et Sauvegrain). Très rarement l’os iliaque.

 

Il permet de déterminer s’il y a une avance osseuse, témoin de la maturation osseuse liée aux stéroïdes sexuels, et d’établir un pronostic de taille finale (tables de Bailey Pineau, peu précis cependant). Il est l’un des éléments du suivi en cas de traitement.

 

  1. b.     L’échographie pelvienne :

Pratiquée par un opérateur entrainé, elle recherche des signes d’imprégnation hormonale pour authentifier l’entrée en puberté : longueur de l’utérus, rapport col/corps, ligne de vacuité, aspect des ovaires et structure, folliculaire ou non. Les critères évoquant une puberté sont regroupés   dans le tableau suivant :

 

 

Utérus

 

 

  • Longueur> 35 mm
  • Rapport corps/col>1 : devient piriforme
  • Endomètre visible

Ovaires

  • L> 3cm ,ou v 3> 3 cm3
  • plusieurs follicules

 

 

 

Elle recherchera en outre des signes évoquant une tumeur surrénalienne, lorsque la pilosité est au premier plan (corticosurrénalome ?), ou une masse ovarienne.

 

  1. c.     Les dosages biologiques :

Ils ne sont pas nécessaires avant la consultation spécialisée. La sécrétion de l’oestradiol est pulsatile, et un taux bas serait faussement rassurant.

Quant aux dosages de gonadotrophines, ils peuvent être réalisés, mais un bilan hormonal complet sera de toute façon réalisé après la consultation spécialisée, rendant cette ponction veineuse supplémentaire inutile…

 

  1. 2.   La puberté précoce ( PP):

 

  1. 1.     Quelques définitions :

 

La PP se définit par l’apparition des premiers signes pubertaires avant l’âge de 8 ans chez la fille, 9 ans chez le garçon.

Les caractères sexuels secondaires apparaissent, associés à une accélération de la vitesse de croissance et de la maturation osseuse, cette dernière aboutissant à la soudure prématurée des cartilages de croissance, mettant ainsi en péril le pronostic statural.

 

La puberté débute parfois un peu tôt, entre 8 et 10 ans chez  la fille, entre 9 et 11 ans chez le garçon : on parlera alors de puberté avancée. Cette entité ne nécessite pas de traitement dans la majorité des cas, car elle ne menace pas le pronostic statural. L’indication d’un traitement peut se discuter au cas par cas, en cas de puberté « explosive », ou si l’apparition des caractères sexuels secondaires est particulièrement mal vécue.

 

Parfois un seul signe se développe, on parle alors de puberté dissociée: c’est le cas de la prémature thélarche (développement prématuré de la glande mammaire) et de la prémature pubarche (développement prématuré de la pilosité pubienne).

 

  1. 2.     Diagnostic clinique:

 

Il nécessite un interrogatoire et un examen clinique précis.

 

  1. a.     L’interrogatoire :

Il recherchera :

 

-       les antécédents personnels (maladie chronique ? Chimiothérapie ? Radiothérapie)

-       les antécédents familiaux (âge de la puberté des parents, notion de petites tailles familiales)

 

 

  1. b.     L’examen clinique :

Il évaluera :

 

-       les signes d’imprégnation hormonale (stades de Tanner)

-       les signes d’orientation étiologique : signes évoquant une PP centrale (céphalées, troubles visuels), ou périphérique (tâches café au lait, signes d’hyperandrogénie, masse abdominale ou testiculaire)

-       la vitesse de croissance : en reconstituant la courbe de croissance, pour déterminer s’il y a ou non une accélération.

-       Le poids, et l’IMC

 

  1. c.     Les examens complémentaires :

Le bilan paraclinique initial comprend l’échographie pelvienne qui  confirme les signes d’imprégnation hormonale et apporte éventuellement un argument étiologique (cf. plus haut), et l’âge osseux qui montre une avance de la maturation osseuse, plus ou moins importante selon la précocité du diagnostic.

 

Les autres examens seront réalisés en fonction de la clinique et de ces premiers résultats.

 

Le test au LH-RH, réalisé en hospitalisation de jour, après une consultation spécialisée affirme le diagnostic de PP, et oriente le diagnostic étiologique :

-       augmentation de la réponse LH (>5 UI/L) et augmentation du rapport pic LH/ pic FSH en cas de PP centrale

-       réponse faible ou nulle, coexistant avec des concentrations élevées de stéroïdes circulants en cas de PP périphérique

-       profil correspondant à un stade pré-pubère

 

L’IRM cérébrale centrée sur la région hypothalamo- hypophysaire sera demandée en cas de PP d’origine centrale. Une imagerie abdomino-pelvienne sera demandée en cas de PP d’origine périphérique.

 

  1. d.     Les causes de PP :

La PP  peut être centrale (dans la plupart des cas), par activation trop précoce du gonadostat ; ou périphérique, par sécrétion hormonale inappropriée ovarienne, testiculaire, ou surrénalienne (on parle parfois de pseudo-puberté précoce)

La PP centrale idiopathique est 8 fois plus fréquente chez la fille que chez le garçon. Une organicité doit être suspectée en cas de puberté « très » précoce (avant 6 ans), et chez le garçon.

 

Les différentes étiologies des PP sont regroupées dans le tableau ci-après.

PP CENTRALE

  • Idiopathique +++
  • Lésion du SNC :
    • Tumeurs hypothalamiques : hamartomes, germinomes, kystes arachnoïdiens, gliomes
    • Hydrocéphalie
    • Radiothérapie cérébrale
  • Adoption
  • Adiposité
  • RCIU
  • Mutation activatrice gène du R GPR54 ?
  • Polymorphisme du gène KISS ?

 

PP PÉRIPHÉRIQUE

  • Syndrôme de Mac Cune Albright
  • Tumeur de la granulosa
  • Tumeur ovarienne
  • Tumeur surrénalienne (corticosurrénalome)
  • HCS forme tardive (bloc en 21 OHase)
  • Sd de Cushing

 

 

 

 

  1. 5.     Le traitement des PP :

 

Il dépend de l’étiologie.

 

En cas de PP centrale, un traitement freinateur de l’axe gonadotrope est utilisé : ce sont les analogues de la LH-RH :

 

-       triptoréline (Décapeptyl LP 3 mg ou Gonapeptyl LP 3,75 mg et 11,25 mg) 20 à 40 mg/kg/ 28 jours

-       leuproreline (Enantone LP 3,75 mg et 11,25 mg) 50 mg/kg/ 28 jours

 

Les formes retard à 12 semaines ont la même efficacité.

 

Le traitement se justifie si la PP survient avant 6 ans, ou chez le garçon. Chez les filles, entre 6 et 8 ans, l’abstention est parfois de mise, si la croissance n’est pas explosive. Les indications de traitement font l’objet d’un consensus depuis 2008.

Un traitement est parfois indiqué dans les pubertés avancées, chez les filles aux antécédents de RCIU, et qui ont un pronostic de taille finale médiocre (âge osseux).

 

L’efficacité du traitement se juge sur la régression des signes cliniques pubertaires dans les trois premiers mois, et la stabilisation de la croissance et de la maturation osseuse dans l’année. En cas de doute sur l’efficacité, une ré-évaluation par un nouveau test LH-RH est nécessaire en fin d’action des analogues. Un rapprochement des injections peut être nécessaire.

La durée du traitement dépend des objectifs de taille fixés, mais il est arrêté en général vers 12 ans d’âge osseux. La puberté reprend alors et se complète dans les deux ans.

 

En cas de PP périphérique, le traitement est étiologique si possible: traitement d’une HCS, ablation d’une tumeur.

Dans le Syndrôme de Mac Cune Albright, le traitement est plus difficile et repose sur les inhibiteurs de l’aromatase.

 

 

  1. 3.   Les pubertés dissociées :

 

1. La prémature thélarche :

 

La prémature thélarche est définie par l’apparition d’un développement mammaire isolé avant l’âge de 8 ans. Sa fréquence est plus élevée entre 1 et 3 ans, diminue jusqu’à 5ans, puis augmente légèrement jusqu’à 8 ans. Il n’y a dans ce cas aucun autre signe évoquant une puberté précoce : pas de signes d’oestrogénisation, pas d’accélération de la vitesse de croissance, pas d’avance de la maturation osseuse (en principe).

 

Un test au LH-RH peut être nécessaire en cas de doute diagnostique sur une puberté précoce, mais les dosages hormonaux de base ne présentent pas d’intérêt.

 

Ces prémature thélarches – pour certains variantes du développement pubertaire chez certaines petites filles -  nécessitent une surveillance semestrielle car elles peuvent évoluer dans 10 à 15% des cas vers une authentique PP : examen clinique, courbe de croissance, et, au moindre doute, âge osseux et échographie pelvienne se justifient.

 

Les autres prémature thélarches régressent dans la première année, ou persistent, voire ont une évolution cyclique.

 

Chaque situation nécessite une analyse rigoureuse, pour ne pas méconnaître une PP.

 

En pratique, l’enfant est revue 3 à 6 mois après la première consultation, et en l’absence d’évolution, il est indiqué aux parents de reconsulter en cas de suspiscion de démarrage pubertaire.

 

 

2. La prémature pubarche :

 

Elle  correspond à l’apparition d’une pilosité pubienne isolée (ou associée à une pilosité axillaire plus modérée) avant l’âge de 8 ans chez la fille, 9 ans chez le garçon.

Elle touche volontiers la fille en surpoids.

La croissance et la maturation osseuse ne sont pas ou peu accélérées.

 

Avant de conclure au diagnostic de prémature pubarche idiopathique, il faudra avoir recherché des signes de virilisation ou d’hyperandrogénie, afin de ne pas méconnaître une tumeur ovarienne ou surrénalienne.

En l’absence de signes de virilisation ou d’hypertrophie clitoridienne, il faut savoir évoquer une forme non classique à révélation tardive de bloc en 21 OHase. Les dosages hormonaux et un test au Synacthène feront alors le diagnostic.

 

3. La prémature ménarche :

Exceptionnellement, la puberté peut démarrer par un saignement vaginal isolé. Il s’agit d’un diagnostic d’élimination et il faudra avoir recherché les autres causes de saignements vaginaux (tumeurs, corps étrangers) avant de conclure à ce diagnostic. Généralement l’épisode ne se reproduit pas et la puberté s’installe ultérieurement.

PubertePrecoce-4

VC : vitesse de croissance

AO : âge osseux

AS : âge statural

PPC : puberté précoce centrale

PPP : puberté précoce périphérique

CLU : cortisol libre urinaire

HCS : hyperplasie congénitale des surrénales

Références :

 

Carel JC, Leger J. Clinical practice. Precocious puberty. N Engl J Med 2008 ; 358(22) : 2366-77

Prete G et al. Idiopathic central precocious puberty in girls : presentation factors. BMC pediatrics 2008 ; 8 : 27.

De Vries L et al. Ultrasonographic and clinical parameters for early differentiation between precocious puberty and premature thelarche. Eur J Endocrinol ; European Federation of Endocrine Societies 2006 ; 154(6) : 891-8

Bar A et al. Method of height prediction in girls with central precocious puberty : correlation with adult height. J Pediatr 1995 ; 126(6) : 955-8

Carel JC et al. ; ESPE-LWPES GnRH Analogs Consensus Conference Group. Consensus statement on the use of gonadotropin-releasing hormon analogs in children. Pediatrics 2009 ; 123(4) : e752-62.

Eugste E. Peripheral precocious puberty : causes and current management. Horm Res 2009 ; 71 : 64-7

De vries L et al. Premature thelarche : age at presentation affects clinical course but not clinical characteristics or risk to progress to precocious puberty. J Pediatr 2010 : 156 : 466-71

Gynecologie de l’enfant et de l’adolescente. Claire Bouvattier Elisabeth Thibaud. Progrès en pédiatrie. Editions Doin

DECOUVERTE INATTENDUE D’UN SYNDROME INFLAMMATOIRE

DECOUVERTE INATTENDUE D’UN SYNDROME INFLAMMATOIRE

Eléments de débrouillage, les pathologies les plus fréquentes

Docteur Eric AUXENFANTS

La mesure des paramètres  inflammatoires fait souvent partie du bilan biologique demandé par le médecin généraliste lors d’un contrôle biologique  systématique, ou devant des manifestations fonctionnelles diverses, aspécifiques (asthénie, anorexie, amaigrissement…).

La découverte, dans ce contexte, d’une élévation des paramètres inflammatoires sans orientation clinique franche amène à la pratique d’une enquête étiologique méthodique qui se rapproche de celle effectuée en contexte de fièvre persistante,  et à la réalisation d’explorations complémentaires qu’il faut hiérarchiser. Le cadre diagnostique étiologique rejoint celui de ces fièvres inexpliquées : infections, pathologies inflammatoires et néoplasiques.

Une proportion non négligeable de ces syndromes inflammatoires restent inexpliqués au terme de ces explorations, amenant à maintenir une surveillance clinique et biologique régulière des patients, voire la reprise à distance des explorations paracliniques . Certains  de ces syndromes inflammatoires inexpliqués vont régresser spontanément.

 

Protéines de l’inflammation : quels  paramètres  tester ?

Les protéines de l’inflammation peuvent être divisées en protéines dites « positives « et protéines dites « négatives » en fonction de leur fluctuation à la hausse ou à la baisse au cours de la réaction inflammatoire  (tableau 1).

Parmi les protéines dites positives c’est en première intention à la CRP que l’on va faire appel pour rechercher l’existence d’un syndrome inflammatoire, de par sa cinétique rapide, sa spécificité et sa sensibilité au diagnostic positif d’un état inflammatoire.

La VS tend à être moins utilisée, du fait qu’il s’agit un test plus global, qui reflète d’éventuels désordres protéiques sériques et  s’avère moins spécifique pour le diagnostic  de syndrome inflammatoire ; elle est source de faux positifs et de faux négatifs (tableau 2) mais reste pourtant intéressante dans certaines situations pathologiques notamment la maladie lupique ou la CRP est classiquement peu élevée en dehors d’une infection..

La réalisation d’un  profil protéique peut  être utile au diagnostic positif et étiologique d’un syndrome inflammatoire, faisant appel à la CRP, la fraction C3 du complément, les dosages des Ig GAM, les couples transferrine/albumine et haptoglobine/orosomucoïde. A défaut, l’analyse de l’électrophorèse des protéines (tableau 3) peut également apporter certaines informations, même si elle pêche par un défaut de sensibilité et de reproductibilité

Que peut révéler le syndrome inflammatoire ?

Pathologies infectieuses

Elles arrivent en première position dans les études de prévalence, sans doute moins fréquentes en proportion chez le sujet âgé que chez le sujet jeune

Bactériennes torpides : foyers ORL ou dentaires, foyers ou abcès profonds (pleuro-pulmonaires, hépatobiliaires, diverticulaires); tuberculose sous toutes ses formes ntamment extra-pulmonaires, endocardites, infections sur prothèses vasculaires ou orthopédiques ; syphilis…

Virales : CMV, EBV, VIH…

Parasitaires chroniques rarement apyrétiques

Pathologies inflammatoires

Rhumatismes inflammatoires chroniques ; PR, spondylo-arthropathies chez le sujet jeune, arthropathies micro-cristallines chez le sujet âgé

Connectivites (lupus essentiellement, Gougerot-Sjögren, myosites, connectivite mixte, sclérodermie, ) chez le sujet jeune

Vascularites, notamment la maladie de Horton qui doit être rapidement évoquée chez le sujet âgé de plus de 60 ans

Sarcoidose

MICI

Pathologies néoplasiques : hantise du clinicien, elles arrivent toutefois derrière  les pathologies infectieuses et inflammatoires à tout âge ;

Tumeurs solides, notamment rénales, coliques, métastatiques hépatiques…

Hémopathies : Hodgkin, LMNH, myélodysplasies

Pathologies vasculaires

Maladie thrombo-embolique veineuse

Pathologies artérielles (dissections aortiques chroniques, anévrysmes aortiques)

 

Quelle démarche diagnostique ?

            1/ en premier lieu, reprendre l’interrogatoire et un examen clinique complet+++

2/ explorations paracliniques , à planifier par niveaux

ü  En première intention :

  • Thorax, sinus, panoramique dentaire, échographie abdomino-pelvienne
  • NFS, urée, créatinine, BU, TGO, TGP, γGT, Palc, calcémie, EDP, TP, TCA, ECBU, Hémocultures; sérologies virales et bactériennes orientées

ü  En seconde intention

  • TDM TAP, Echocardiographie +/- ETO, IDR, recherches de BK, BAT
  • Bilan immunologique (ANA, ANCA, CH50 C3 C4, Cryoglobuline, enzyme de conversion de l’angiotensine)

ü  En dernier lieu

  • Scintigraphie Tc/Ga, Endoscopies digestives
  • Biopsie ostéo-médullaire, TEP scan

 

Et si malgré tout, l’enquête reste vaine…

—  EG stable, pas de nouveau point d’appel clinique:

Surveillance et éventuel nouveau screening étiologique à distance

—  Dégradation de l’état général:

Reprise éventuelle d’emblée des investigations initiales non invasives ou discussion d’un traitement d’épreuve (corticothérapie ou traitement anti-bacillaire d’épreuve s’il y a des arguments en faveur d’une pathologie inflammatoire ou bacillaire)

Quelle évolution à terme ?

Dans une étude récente, parmi ces syndromes inflammatoires inexpliqués au terme de l’enquête diagnostique, 1/3 vont régresser spontanément, 1/3 vont persister , 1/3 vont finir par livrer leur secret (pathologies inflammatoires essentiellement)…

SdInflamm-1SdInflamm-2SdInflamm-3

Pour en savoir plus…

  • Dr N Kaddour, Dr Z Bahloul  Faculté de médecine de Sfax :

Syndrome inflammatoire (accès libre on-line)

  • D Chappuis : Prise en charge des syndromes inflammatoires inexpliqués en médecine générale

Thése de médecine faculté de médecine de Grenoble soutenue publiquement en octobre 2012 (accès libre on-line)

  • Perrin AE et coll Revue de médecine interne 23 (2002) :683-689

Evolution et pronostic à long terme des syndromes inflammatoires biologiques persistants et inexpliqués

  • Pr Lambert Michel service de médecine interne générale cliniques universitaires Saint Luc

SURVEILLANCE DU RACHIS DE L’ENFANT

SURVEILLANCE DU RACHIS DE L’ENFANT

Savoir dépister aux bons moments

 

Docteur Damien FRON

 

  1. Quelles sont les pathologies rachidiennes les plus fréquentes chez l’enfant ?
    • Scoliose

q Déformation non douloureuse

q Gibbosité

    • Cyphose

q Peut être douloureuse (Scheuerman)

q Le plus souvent asthénique

    • Spondylolisthesis

q Fréquent mais le plus souvent asymptomatique

q Lombalgies

    • Dorsalgies banales

q Post-traumatiques

q Peuvent révéler une infection ou une tumeur

q Le plus souvent fonctionnelles

q La scintigraphie peut être un bon examen de débrouillage

  1. L’examen du rachis
    • Il se fait sur un enfant debout et torse nu
    • Il est rapide : recherche d’un déséquilibre, d’une zone douloureuse à la palpation, d’une gibbosité lors de la manœuvre d’anteflexion
  2. La scoliose se diagnostique cliniquement par la gibbosité

La gibbosité se recherche sur un patient torse nu par la manœuvre de flexion antérieure du tronc. Elle se définit par une asymétrie par rapport à la ligne des épineuses. Elle est le témoin de la rotation vertébrale qui est l’élément clé de la scoliose.

  1. La scoliose n’est pas douloureuse

En cas de douleurs, un bilan est nécessaire (biologie, radio selon le type de douleurs) : recherche une infection ou une tumeur

  1. Scoliose aux différents âges
    • La plus fréquente : scoliose idiopathique de l’adolescente (autour de la puberté)
    • Scoliose du nourrisson : évolution souvent spontanément favorable
    • Scoliose du jeune enfant

q Malformative (hémi vertèbre) : traitement chirurgical parfois nécessaire vers 3 ans

q Scoliose idiopathique infantile : évolution souvent péjorative nécessitant un traitement orthopédique lourd et prolongé souvent complété par une intervention chirurgicale

  1. L’attitude scoliotique n’est pas une scoliose

L’attitude scoliotique est une déformation secondaire du rachis, le plus souvent par inégalité de longueur des membres inférieurs. Le rachis ne fait que compenser l’obliquité du bassin. Il n’y a donc pas de gibbosité (et pas de rotation vertébrale)!

  1. La gibbosité nécessite un bilan radiographique

Afin d’évaluer l’importance et la cause de la scoliose, il est nécessaire de réaliser un bilan radiographique (demander un rachis total de face et de profil debout). Ne pas multiplier les examens radiographiques!

Il faut également compenser une éventuelle inégalité de longueur des membres inférieurs en réalisant la radio avec une talonnette sous le membre le plus court.

La radio permettra d’évaluer l’importance de la scoliose en mesurant l’angle de Cobb.

  1. Quel est le traitement (très) schématique d’une scoliose ?
  • Angulation < 15-20° : kinésithérapie (éducation posturale, lutte contre les rétractions musculaires, postures de détorsion, amélioration de la musculature du tronc et des racines)
  • Angulation > 15-20° : traitement orthopédique par corset nécessitant un suivi spécialisé. Kinésithérapie associée
  • Angulation > 40-50° : traitement chirurgical
  1. Surveillance d’une scoliose traitée par corset
    • Relève du spécialiste qui a prescrit le corset
    • Attention à la multiplication des radiographies. Ne pas refaire des radios entre les consultations spécialisées
    • Tolérance du corset : point d’appui
    • Observance du traitement +++
  2. Pas de dispense de sport systématique !!!!

Il n’y a aucune raison de dispenser ces enfants d’activités sportives, bien au contraire! Le sport ne déclenche ni n’aggrave une scoliose !

  1. La cyphose
    • Elle peut être douloureuse (Maladie de Scheuerman ou dystrophie vertébrale de croissance)
    • C’est souvent une cyphose asthénique de l’adolescent : attitude cyphotique en rapport avec  une faiblesse musculaire et la mauvaise tenue rachidienne (courbé, épaules en avant)
    • Ce qui les différencie : la douleur, la radio. La cyphose asthénique n’est jamais douloureuse, la maladie de Scheuermann l’est parfois.
  • La radiographie simple est normale dans l’attitude cyphotique; elle retrouve des anomalies vertébrales dans la maladie de Scheuermann (hernies intraspongieuses, aspect feuilleté des plateaux, déformation trapézoïdale des corps vertébraux).
  • Le risque évolutif ne concerne que la maladie de Scheuermann : déformations vertébrales et cyphose fixée.
  • Le traitement dans la maladie de Scheuermann est utile si la croissance n’est pas terminée : corset anti-cyphose pour éviter les déformations vertébrales ou chirurgie dans les formes sévères.
  • En cas de symptomatologie douloureuse (mais ça ne suffit pas)
  • Avant de rédiger un certificat d’aptitude sportive (mais certains ne sont pas sportifs)
  • Périodes charnières :
  1. Quand et à quel rythme examiner le rachis des enfants ?

q  Après l’acquisition de la marche

q  Début de la puberté (période de forte croissance rachidienne avec risque d’aggravation importante d’une scoliose)

  1. Quand arrêter de traiter et surveiller une scoliose ?
    • Le traitement orthopédique est justifié jusqu’à la fin de la croissance (Risser 4)
    • La scoliose pourra continuer d’évoluer après la fin de la croissance d’autant plus que la courbure sera importante (> 30-35°) mais à un rythme beaucoup plus lent
  2. Quand demander un examen complémentaire ?
    • Devant une gibbosité ou une déformation cyphotique : radiographie simple
    • Bilan d’une lombalgie ou d’une dorsalgie
    • Eviter les scanners ou IRM de débrouillage
    • Surveillance d’une scoliose : radiographies tous les 4 à 6 mois

 

ANTIBIOTHERAPIE EN MEDECINE GENERALE

ANTIBIOTHERAPIE EN MEDECINE GENERALE

Savoir attendre, choisir, changer

 

Professeur Eric SENEVILLE

 

L’un des enjeux actuels en infectiologie concerne le niveau de la résistance aux antibiotiques atteint par certaines bactéries parmi lesquelles E. coli y compris les souches d’origine communautaire.

La résistance aux antibiotiques des bacilles à Gram négatif (BGN) est actuellement beaucoup plus préoccupante en France que celle du staphylocoque doré pour au moins deux raisons : le risque  de diffusion à partir du tube digestif (BGN) est plus difficilement maitrisable qu’en cas de transmission cutanée (S. doré) et nous avons actuellement un déficit de production de nouveaux antibiotiques actifs sur les BGN multi-résistants tel que nous sommes désormais confrontés à des bactéries  pratiquement résistantes à tous les antibiotiques. On estime que cette situation est à l’origine d’environ 25.000 morts par an en Europe.

La seule solution pour renverser cette situation catastrophique est de réduire la consommation d’antibiotiques. Les âges extrêmes correspondent aux consommations d’antibiotiques non motivées les plus élevées. Chez les enfants il s’agit essentiellement des infections des voies aériennes supérieures alors que chez la personne âgée, il s’agira des infections urinaires et des infections de plaie chronique.

Il existe deux outils diagnostiques fiables de diagnostic positif d’infection bactérienne disponibles en ville dont l’utilisation est le moyen le plus efficace pour réduire (et adapter dans certains cas) le recours à l’antibiothérapie.

 

Le Test de Diagnostic Rapide (TDR) 

50 à 90% des angines sont virales (environ 9 millions d’épisodes par an en France)

Le TDR n’est à faire que devant une forme érythémateuse ou érythémato-pultacée

Performances du TDR:

sensibilité: 90 %

spécificité : 95 %

valeur prédictive positive: 90 %

valeur prédictive négative : 96 %

A l’exception de la diphtérie, de la syphilis et du gonocoque, la seule bactérie à envisager pour l’antibiothérapie est le streptocoque β-hémolytique du groupe A (S. pyogenes):

25-40% chez l’enfant

10-25% chez l’adulte

 

La bandelette urinaire (BU)

  • Chez la femme = haute valeur prédictive négative

leucocytes -  et nitrites -

donc, rechercher un autre diagnostic

  • Chez l’homme = haute valeur prédictive positive

leucocytes + ou nitrites + :

à confirmer par ECBU

si BU négative : n’exclut pas le diagnostic d’infection urinaire

 

 

Infection d’une plaie

Le diagnostic est clinique = au moins 2 parmi les éléments suivants :

gonflement

augmentation de la chaleur locale

douleur

érythème d’au moins 0,5-2 cm autour de la plaie

présence de pus

 

En cas de plaie chronique (ulcère, escarre, mal perforant plantaire) :

 

►    L’antibiothérapie (locale et systémique) n’a pas montré qu’elle:

- favorisait la cicatrisation

- empêchait l’infection de survenir

- améliorait le pronostic des patients

Alors que

►    L’antibiothérapie (locale et systémique) a montré qu’elle:

- augmentait le risque d’effets secondaires

- favorisait l’émergence de bactéries résistantes

- augmentait les coûts

►   PAS D’ANTIBIOTHERAPIE DES PLAIES EN L’ABSENCE D’INFECTION AVEREE

 

LES DOULEURS NEUROPATHIQUES

LES DOULEURS NEUROPATHIQUES

Comprendre pour mieux traiter

 

Professeur Serge BLOND

 

Les douleurs neuropathiques sont des douleurs secondaires à une lésion ou à une maladie affectant le système neuro-sensoriel : dans ce contexte, le système nociceptif est lésé soit au niveau périphérique (nerfs, ganglions sensitifs, racines, plexus), soit au niveau central (moelle épinière, cerveau). Ces douleurs surviennent donc dans une zone parfois très déficitaire correspondant aux territoires d’innervation de la lésion nerveuse.

 

Elles s’opposent totalement aux douleurs inflammatoires qui sont en rapport avec une lésion tissulaire. Dans ce cas, la lésion a entraîné une libération locale de substances inflammatoires, initialement responsables d’une sensibilisation des nocicepteurs périphériques, puis ensuite d’une activité centrale anormale de type sensibilisation. Ces douleurs, également appelées « douleurs par excès de nociception » sont notamment représentées par les douleurs directement liées à une évolutivité cancéreuse, les douleurs post-opératoires et les douleurs rhumatologiques (douleurs d’arthrose et d’arthrite). Elles répondent aux anti-inflammatoires et aux antalgiques habituels depuis le palier 1 jusqu’au palier 3.

 

Les douleurs neuropathiques doivent être bien distinctes d’autres douleurs, également fréquentes en clinique quotidienne, ne résultant ni d’une inflammation ni d’une lésion nerveuse patente. Elles sont appelées idiopathiques, psychogènes et plus récemment « dysfonctionnelles ». En effet, elles sont la conséquence d’un dysfonctionnement d’origine centrale des contrôles modulateurs de la douleur. Elles sont représentées par les douleurs de la fibromyalgie, du syndrome du côlon irritable, des céphalées de tension, de certaines algies orofaciales idiopathiques et de certaines lombalgies chroniques.
Enfin, il convient de ne pas méconnaître des douleurs « mixtes » : leur origine associe à la fois des phénomènes neuropathiques locaux et des phénomènes de compression mécanique ou encore une action de médiateur de l’inflammation, l’ensemble contribuant à l’entretien et à la pérennisation de ces douleurs.

 

Le diagnostic de douleurs neuropathiques repose sur un interrogatoire minutieux et un examen clinique bien conduit. En 1er lieu, il convient de rechercher, dans l’anamnèse, la preuve d’une lésion ou d’une maladie du système nerveux périphérique ou central. Souvent, existe un intervalle libre entre la lésion et l’apparition de la douleur. La chronicité est établie par la persistance de la douleur depuis plus de 3 mois. Ensuite, il convient de repérer une séméiologie douloureuse spécifique : la douleur neuropathique se caractérise par une composante spontanée (en l’absence de toute stimulation), continue ou paroxystique et des douleurs provoquées par différentes stimulations (tactiles, thermiques). Ces deux composantes existent seules ou en association chez un même patient qui utilise toujours un vocabulaire très caractéristique : brûlures, froid douloureux, décharges électriques. La douleur est fréquemment associée à des sensations anormales (paresthésies, dysesthésies), non douloureuses mais souvent désagréables telles que fourmillements, picotements, démangeaisons, engourdissement.

 

Dans ce contexte, l’examen clinique est essentiel : il recherche des signes neurologiques déficitaires (déficit sensitif tactile, à la piqûre, au chaud ou au froid) et permet de s’assurer que les douleurs spontanées ou évoquées se situent bien dans un territoire compatible avec une lésion neurologique périphérique ou centrale. Parmi ces douleurs évoquées, l’on cite classiquement l’allodynie, se caractérisant par une douleur provoquée par un stimulus qui normalement ne produit pas de douleur, et l’hyperalgésie se caractérisant comme une réponse exagérée à une stimulation qui, normalement, est douloureuse.

 

C’est la convergence des données de l’interrogatoire et de l’examen clinique qui permet de reconnaître une douleur neuropathique : l’utilisation d’outils diagnostiques peut parfois constituer une aide précieuse : il s’agit notamment de l’outil DN4 (douleurs neuropathiques en 4 questions).

 

Face à une douleur neuropathique, il convient de mener une enquête lésionnelle et étiologique en s’aidant des examens complémentaires appropriés, dans le but de confirmer la lésion neurologique en cause et d’en établir l’étiologie et éventuellement le pronostic. En outre, dans certains cas, le diagnostic peut être confirmé par des explorations électrophysiologiques non pas tant l’électromyogramme que l’analyse des Potentiels Evoqués Somesthésiques (évaluation de la conduction des fibres sensitives de gros calibres) ou encore l’étude des Potentiels Evoqués Nociceptifs par stimulation laser (étude du fonctionnement des fibres sensitives de petits calibres), l’ensemble permettant un démembrement progressif des différents douleurs neuropathiques.
Ces douleurs constituent « un modèle de douleur chronique » : dans ces conditions, il convient de souligner l’importance des facteurs psychologiques, considérés comme des facteurs de modulation de l’intensité de la douleur et de son retentissement fonctionnel. Ils peuvent être consécutifs à la pérennisation de la douleur, mais peuvent également préexister à l’état douloureux et constituer des facteurs évidents de vulnérabilité. En outre, il convient de souligner l’importance des facteurs cognitifs et notamment des croyances dans la persistance de la douleur et l’élaboration d’un état de souffrance « globale ».

 

Les étiologies des douleurs neuropathiques sont nombreuses : elles peuvent être périphériques (radiculopathies, mono neuropathies notamment post-chirurgicales ou post-traumatiques, poly neuropathies notamment métaboliques, carentielles ou alcooliques), ou centrales (accidents vasculaires cérébral, ischémique ou hémorragique, lésions médullaires traumatiques, syringomyélies, scléroses en plaques…).

 

Plusieurs enquêtes épidémiologiques ont été menées en France à propos de la douleur : l’on estime la prévalence de la douleur chronique dans notre pays à 31,7 %. Sur la base des réponses au questionnaire DN4, la prévalence des douleurs chroniques ayant des caractéristiques neuropathiques a été estimée à 6,9 % de la population française !

 

Les douleurs neuropathiques ne répondent pas classiquement aux antalgiques habituels depuis l’aspirine jusqu’à la morphine. En 1ère intention, la prescription en monothérapie d’un antidépresseur tricyclique (exemple : amitryptilline 25-150 mg par jour) ou d’un anticonvulsivant gabapentinoïde (gabapentine 1200-3600 mg/j ou prégabaline 150-600 mg/j) est recommandée dans le traitement de la douleur neuropathique. Le choix entre ces différentes classes thérapeutiques est fonction du contexte, des comorbidités associées et de leurs sécurités d’emploi. L’efficacité des opioïdes forts (oxycodone, morphine, méthadone) est loin d’être établie : si elle existe, elle porte davantage sur la composante comportementale de la douleur que sur sa composante réellement sensori-discriminative. En outre, une telle prescription dans un contexte de douleurs chroniques non cancéreuses ne doit se concevoir que selon un contrat thérapeutique, bien établi entre le patient et son médecin en rappelant notamment que cette prescription n’est pas « une fin en soi » et suppose notamment une franche amélioration fonctionnelle. Les risques de dépendance et d’accoutumance ne sont pas négligeables et dans ces conditions cette prescription doit s’entourer des précautions d’emploi usuelles des opiacés au long cours dans un contexte de douleurs chroniques bénignes.

 

Plus récemment, la duloxétine a démontré son intérêt dans certaines douleurs neuropathiques notamment périphériques avec une efficacité peut-être comparable à celle de la prégabaline, mais elle n’est pas recommandée en cas de pathologies hépatiques sévères ni en cas d’hypertension artérielle non contrôlée. Par ailleurs, le tramadol est parfois proposé en 1ère intention dans des douleurs neuropathiques, notamment associées à une forte composante nociceptive.

 

Dans ce contexte et notamment en cas de douleurs neuropathiques localisées, là où existe une franche allodynie au frottement, il convient de ne pas méconnaître l’intérêt des compresses imbibées de lidocaïne permettant ainsi d’atténuer certaines douleurs provoquées tout en signalant l’absence d’effets indésirables systémiques. De même, parmi les topiques locaux, il convient de souligner l’efficacité à long terme (3 mois) d’application unique de patches de capsaïcine à haute concentration (8 %) sur la zone douloureuse (pendant 60 à 90 mn) : ce nouveau traitement est encore en cours d’évaluation tout en faisant remarquer que l’application initiale souvent très douloureuse nécessite une surveillance du patient de préférence en hôpital de jour pendant l’application. Enfin, les effets à très long terme d’application répétée de ce produit sur la perception douloureuse ne sont pas clairement établis.

 

Dans les situations les plus pénibles, manifestement rebelles à tous les traitements classiques, l’on peut prévoir, sous couvert de l’absence de contre-indication notamment cardiologique, le recours à des perfusions intraveineuses de lidocaïne ou de kétamine à doses progressivement croissantes : si un effet antalgique est clairement démontré, ces traitements peuvent être répétés de façon régulière.

 

D’une manière générale, certaines informations essentielles doivent être transmises aux patients : les antalgiques usuels sont peu ou pas efficaces dans ce type de douleur ; les molécules prescrites sont utilisées dans d’autres indications, mais ont une activité analgésique propre ; les traitements proposés ont une efficacité le plus souvent partielle sur la douleur. Le délai d’action peut être retardé et dans ces conditions le traitement ne doit pas être interrompu trop tôt ; les traitements administrés par voie orale doivent être arrêtés de façon progressive afin d’éviter un risque de sevrage brutal à l’arrêt ; la plupart des effets indésirables surviennent au cours de l’augmentation des doses mais sont généralement réversibles.

Par ailleurs, il convient de ne pas méconnaître l’intérêt des techniques de neuromodulation en constant développement du fait de leurs améliorations techniques. Il s’agit notamment de la neurostimulation transcutanée à visée analgésique (à haute fréquence et à basse intensité), efficace en cas de douleurs neuropathiques périphériques focales sous couvert d’une évaluation initiale minutieuse et d’un suivi technique régulier. De même, la stimulation médullaire a largement démontré son intérêt sous couvert d’une sélection minutieuse des indications et d’une réalisation technique irréprochable : ces principales indications sont les douleurs neuropathiques consécutives à une lésion nerveuse périphérique, les algohallucinoses et les radiculalgies neuropathiques. Plus récemment, une extension prudente des indications concerne les syndromes douloureux régionaux complexes (algodystrophies et surtout causalgies). De même, la stimulation chronique du cortex moteur peut apporter un bénéfice significatif dans certaines douleurs neuropathiques essentiellement centrales (douleurs post-stroke, douleurs après avulsion du plexus brachial, douleurs neuropathiques trigéminales post-traumatiques ou post-opératoires).

 

Enfin, dans certains cas d’exceptions, une pharmacothérapie intrathécale peut être préconisée sous couvert d’une évaluation extrêmement minutieuse : il ne s’agit pas tant du recours à la morphine que de l’utilisation potentielle de la clonidine et surtout plus récemment du ziconotide, notamment proposé dans certaines douleurs neuropathiques d’origine médullaire.

 

 

Si le diagnostic de douleurs neuropathiques est désormais bien établi, leur traitement demeure difficile, basé plutôt sur la notion d’atténuation que de guérison. Cet objectif doit être clairement exprimé aux patients en sachant que la chronicisation de ces douleurs, synonyme de perturbations thymiques et comportementales, impose une prise en charge souvent globale pouvant notamment justifier le recours à une psychothérapie ou à une thérapie cognitivo-comportementale.

CONDUITE A TENIR DEVANT UNE PROTEINURIE

CONDUITE A TENIR DEVANT UNE PROTEINURIE

Par quoi commencrer, par quoi poursuivre ?

 

Professeur Christian NOEL

 

Pourquoi les spécialistes de médecine générale et autres que néphrologues ne s’intéressent ils pas à la mise en évidence d’une protéinurie ?

1-    Parce que c’est trop compliqué à interpréter

2-    Parce que c’est rare et que l’on a bien d’autres chats à fouetter

3-    Parce qu’une fois qu’on la découverte, on ne sait pas quoi en faire

4-    Et finalement car ce n’est pas si simple que çà à dépister

 

Toutes ces propositions sont fausses

 

1-    Est-ce qu’il est compliqué de comprendre qu’une protéinurie a la même signification que le marc de café dans une tasse. Une protéinurie signifie une atteinte du filtre rénal (glomérulaire) et donc détecte une maladie rénale. Dans ce cas, il faut répondre à la question : est-ce qu’il est important de découvrir une maladie rénale chez un patient ?

2-    Non ce n’est pas rare notamment dans le cadre d’une population qui vieillit et vue la prévalence de la maladie diabétique.

3-    On ne sait pas quoi en faire : il faut toujours l’interpréter dans le contexte clinique d’un patient que l’on prend en charge (Diabète, complications vasculaires, cancer, antécédents rénaux personnel ou familiaux …) et s’il s’agit d’un problème rénal, est-ce compliqué de doser la créatinine dans le sang et de faire réaliser une échographie rénale ? On peut également préciser les qualités de cette protéinurie (albumine ou non, quantification sur 24h…)

4-    Pas si simple à dépister ? Oui si l’on pense que tout ce que l’on fait soi même  est une perte de temps. Effectivement, lorsqu’on n’est pas organisé, la simple bandelette urinaire peut être un vrai parcours du combattant. Son dosage en revanche est d’une facilité enfantine sur un simple échantillon.

 

Lorsqu’une protéinurie est détectée et donc significative (Albuminurie supérieure à 300 mg/24h), il faut bien sûr l’interpréter dans son contexte clinique mais l’avis néphrologique est d’importance pour faire le bilan d’une maladie rénale dont la gravité est à évaluer (indication de biopsie rénale ?). Cet avis néphrologique doit conduire à des pistes étiologiques et à une conduite à tenir en terme de surveillance et de traitement.

 

La microalbuminurie, en dehors d’une insuffisance rénale chronique, elle doit être interprétée comme un phénomène d’hyperfiltration et aura surtout une signification pronostic dans le cas d’un syndrome métabolique ou d’un diabète. On connait dans ce cas l’augmentation du risque vasculaire et l’intérêt d’utiliser des inhibiteurs du système rénine-angiotensine.

 

Le dépistage systématique à la bandelette a son intérêt car il peut détecter d’autres problèmes urinaires et conduira les explorations complémentaires dont le dosage de la protéinurie si celle-ci apparait supérieure à une croix.

 

Le dosage de l’albuminurie urinaire peut se réaliser sur simple échantillon urinaire, rapportée à la créatinine urinaire pour établir un rapport qui peut avoir une bonne valeur d’orientation en sachant, qu’en cas de doute, c’est la protéinurie des 24 heures qu’il faut utiliser.

 

LA PERIMENOPAUSE

LA PERIMENOPAUSE

Quand ça se dérègle… (contraception, humeur, poids…)

 

Docteur Geoffroy ROBIN

 

Résumé. La périménopause correspond à la transition entre la période d’activité ovarienne « normale » et la ménopause. Elle se caractérise par une véritable anarchie hormonale : d’abord hyperestrogénie secondaire à une hyperstimulation endogène ovarienne, puis alternance de phases d’hypo- et d’hyperactivité ovarienne. Il  s’agit d’une période à risque de développement ou d’aggravation de certaines pathologies gynécologiques oestrogénodépendantes. Il existe une grande variabilité interindividuelle dans l’âge de survenue et l’expression clinique de la périménopause. Son diagnostic reste pour l’instant clinique. La prise en charge de la périménopause s’impose uniquement chez les patientes symptomatiques et repose sur un traitement qui sera, idéalement, contraceptif, antigonadotrope, estrogénique substitutif et le plus neutre possible sur le plan métabolique. En cas de contre-indication aux estrogènes ou aux progestatifs, il existe des alternatives thérapeutiques, purement symptomatiques.

 

Mots clés : périménopause, transition ménopausique, syndrome prémenstruel, bouffées

vasomotrices, progestatifs, contraception estroprogestative, ISRS

 

 

1.    Définition et épidémiologie de la périménopause

 

La périménopause, période de durée variable qui précède la ménopause physiologique, correspond à la baisse progressive mais inéluctable de la fonction exocrine ovarienne (les ovulations sont de plus en plus rares), alors que la fonction endocrine persiste mais de manière incomplète et dissociée.

Pour l’OMS, elle « débute lorsque apparaissent des signes cliniques et/ou biologiques qui annoncent la survenue de la ménopause ; elle se termine une année, au moins, après les dernières règles ». Le tableau 1 permet de mieux resituer cette période au cours des différentes phases d’activité ovarienne survenant au cours de la vie d’une femme [1, 2].

Pour Treloar, en se basant sur la survenue des premiers troubles du cycle, l’âge médian de survenue de la périménopause se situe à 45,5 ans. Seules 5 % des femmes entreraient en périménopause avant 39 ans et 5 % après 51 ans [3]. La durée moyenne de la périménopause serait de 3,8 ans avec des écarts très importants [4]. En pratique, il existe une grande variabilité interindividuelle en ce qui concerne l’âge de survenue, la durée et l’importance relative des différents signes cliniques de la périménopause. L’origine ethnique et la valeur de l’indice de masse corporelle (IMC) seraient des facteurs susceptibles d’expliquer cette variabilité [5]. Par ailleurs, les bouleversements hormonaux de la périménopause surviennent en général à une période « charnière » dans la vie des femmes : le cadre familial évolue, la situation socioprofessionnelle est incertaine, et le corps se transforme. Tous ces éléments contribuent à déstabiliser ces femmes qui se retrouveront particulièrement déroutées face au cortège de symptômes invalidants dont peut être responsable cette période physiologique.

 

2.    Physiopathologie et symptomatologie de la périménopause

 

La périménopause peut se décomposer en deux phases symptomatiques de durée variable.

 

2.1  Cycles menstruels d’abord réguliers, puis raccourcis avec syndrome d’hyperestrogénie prédominant.

 

Ce premier stade de la périménopause correspond, sur le plan physiopathologique, à une altération des phénomènes de recrutement et de dominance folliculaires secondaire à la diminution qualitative et quantitative du stock folliculaire ovarien [6]. Du fait de la diminution de ce stock et d’une moindre capacité des cellules de la granulosa à répondre à la FSH, la production d’inhibine B par les cellules de la granulosa va diminuer progressivement, avec une nette accélération de cette décroissance à partir de 40 ans [7, 8]. Il s’en suit une augmentation de la libération de FSH et notamment une élévation de son pic intercyclique [9-11]. Ce phénomène aboutit à deux conséquences :

  • la première est une maturation folliculaire accélérée et exagérée (phénomène de maturation multifolliculaire dénommé également « syndrome d’hyperstimulation endogène des ovaires » [12, 13]), provoquant progressivement un raccourcissement du cycle menstruel aux dépens de la phase folliculaire [14] ;
  •  la seconde est une élévation de l’estradiolémie en phases préovulatoire et lutéale, liée avant tout au phénomène de maturation multifolliculaire, mais également à une augmentation de l’activité catalytique de l’aromatase, dans les cellules de la granulosa, sous l’effet des taux croissants de FSH [15]. Elle est responsable d’un syndrome d’hyperestrogénie ou syndrome prémenstruel (SPM) [6, 11, 16].

Le SPM associe : mastodynies, pesanteur pelvienne, prise de poids par rétention hydrosodée (hyperminéralocorticisme secondaire à l’hyperestrogènie), troubles neurovégétatifs divers (troubles du transit, nausées, asthénie, malaises…), recrudescence de céphalées d’allure migraineuse et troubles du comportement avec prédominance de symptômes appartenant au registre des troubles anxieux (angoisse, irritabilité et agressivité). Cet inconfort psychologique est mal vécu par les patientes, car non maîtrisable. De plus, il est responsable de problèmes relationnels majeurs avec l’entourage proche. Ainsi, depuis plusieurs années maintenant, le SPM sévère fait partie intégrante du DSM-IV et est considéré comme une pathologie psychiatrique invalidante susceptible d’altérer considérablement la vie des patientes [17].

En outre, cette hyperestrogénie va favoriser l’apparition, voire aggraver, les pathologies gynécologiques estrogénodépendantes :

 

  • l’hyperplasie endométriale simple, sans atypies cellulaires, responsable de ménométrorragies. Cette étiologie fonctionnelle reste la cause la plus fréquente de saignements génitaux, mais, même dans ce contexte hormonal, il s’agit d’un diagnostic d’élimination ; les investigations paracliniques seront alors incontournables (échographie avec ou sans hystérosonographie, biopsie d’endomètre, hystéroscopie, voire IRM pelvienne…), et ce, d’autant que, pour certains auteurs, la périménopause correspond à une période à risque de survenue de l’adénocarcinome endométrial [18] ;
  • l’adénomyose et l’endométriose ;
  • les fibromyomes utérins ;
  • les mastodynies et mastopathies bénignes [19].

De plus, les ovulations deviennent de moins bonne qualité, et le corps jaune qui en résulte est alors dit « inadéquat », incapable de sécréter suffisamment de progestérone. Il s’ensuit une aggravation du SPM. Cette notion d’insuffisance lutéale relative a été confirmée par Santoro et al. au cours du suivi de la cohorte SWAN [5]. En effet, il a été retrouvé une baisse modérée mais significative et progressive des taux des catabolites urinaires de la progestérone (prégnandiol) au cours de la périménopause [20].

Enfin, la baisse de la fécondité qui résulte logiquement de tous ces bouleversements hormonaux sera présente dès le début du déclin ovarien et sera considérée comme le premier signe de la périménopause, avant même que ne s’installent tous les autres symptômes.

 

2.2  Irrégularités menstruelles avec syndrome d’hypoestrogénie prédominant

 

Au fur et à mesure du vieillissement ovarien, à l’approche du seuil critique du nombre de follicules, ceux-ci deviennent de plus en plus résistants aux gonadotrophines [21]. L’intensité de ce phénomène varie d’un follicule à un autre. En effet, alors que certains n’ont plus la capacité de répondre à la FSH, d’autres ont conservé une « fenêtre » de sensibilité à la FSH suffisante pour répondre exagérément aux taux élevés de FSH circulante chez ces patientes

[22]. Ainsi, la longueur des cycles va devenir variable selon qu’il y a ou non maturation folliculaire terminale [23, 24]. Dès lors, deux phénomènes hormonaux vont s’alterner [6, 11].

 

2.3  Phases d’hypofonctionnement ovarien, prédominantes et responsables d’un syndrome d’hypoestrogénie

 

Ce dernier associe des bouffées vasomotrices, avec sueurs nocturnes, une sécheresse vaginale, pouvant s’accompagner de dyspareunies, des troubles de l’humeur d’intensité variable, des troubles du sommeil à type d’insomnie (en rapport ou non avec la survenue d’épisodes de

bouffées vasomotrices [25]), une baisse significative de la libido, des troubles génito-urinaires (recrudescence des cystites aiguës, incontinence urinaire d’effort, prolapsus…) [26] mais également un début de déminéralisation osseuse, dont les conséquences dépendront du capital

osseux initial.

Des travaux récents ont mis en évidence une dégradation de la fonction respiratoire au cours de la périménopause. Elle serait apparemment liée aux phénomènes d’hypofonctionnement ovarien s’accompagnant d’une hypoestrogénie. Cette donnée serait surtout capitale pour

les patientes souffrant déjà de pathologies respiratoires chroniques (asthme, bronchites chroniques obstructives…) et concernerait plus volontiers les femmes minces, dont le BMI est inférieur à 23 kg/m2. Les mécanismes physiopathologiques incriminés restent encore obscurs [27].

Plus récemment encore, Bonomo et al. [28] ont étudié le profil neuroendocrinien des femmes en période périménopausique. Ils ont ainsi observé des taux d’interleukine-6 plus élevés, une augmentation des taux de cortisol plasmatique, ainsi qu’une activité augmentée des récepteurs

aux glucocorticoïdes. Ce profil augmenterait le risque de développer des maladies neurodégénératives. La périménopause pourrait ainsi constituer un facteur environnemental « déclencheur » chez certaines femmes ayant une prédisposition héréditaire à développer une pathologie neurodégénérative [28].

 

2.4  Phases d’« hyperstimulation endogène » des ovaires responsables d’un SPM

 

De façon aléatoire, un ou plusieurs follicules vont redevenir sensibles à la FSH et échapperont ainsi au phénomène d’atrésie. Ainsi, une maturation plurifolliculaire avec hyperestrogénie, voire éventuellement une ovulation, va se produire [22]. Néanmoins, ces cycles ovulatoires vont devenir, d’une part, de plus en plus rares, et, d’autre part, de plus en plus courts en raison du caractère de plus en plus médiocre de la qualité des ovulations [22]. L’intrication et l’alternance de ces différents états hormonaux (irrégularité menstruelle et alternance de signes d’hyperestrogénie et d’hypoestrogénie) peuvent, chez certaines femmes, altérer considérablement la qualité de vie et rendent cette « période charnière » particulièrement difficile à gérer pour les cliniciens [29, 30].

 

3.    Diagnostic d’un état périménopausique

 

Il s’agit d’un diagnostic avant tout clinique, facile à évoquer devant l’association d’un raccourcissement des cycles menstruels ou d’une alternance de cycles longs et de cycles courts, avec un SPM et/ou des signes de carence estrogénique.

Les dosages de FSH et d’estradiol ne sont d’aucune utilité au diagnostic de périménopause. En effet, comme évoqué précédemment, leurs taux sont soumis à d’importantes fluctuations, reflétant l’irrégularité du fonctionnement ovarien, ce qui rend leur interprétation délicate. En revanche, Sowers et al. ont étudié les taux de FSH et d’estradiol plasmatiques annuels pendant une quinzaine d’années au sein d’une cohorte de 629 femmes [31, 32]. L’âge médian des femmes de cette cohorte à l’inclusion était de 38 ans. Ces auteurs ont ainsi mis en évidence des taux critiques d’estradiol et des variations critiques de la cinétique de la FSH qui, combinées aux caractéristiques menstruelles et à l’âge des patientes, pourraient constituer une

aide pour les cliniciens afin d’évaluer le statut ovarien [31, 32]. Ces données mériteraient d’être validées en pratique dans cette indication.

La chute du taux d’inhibine B sérique est pour certains auteurs un marqueur du vieillissement au cours de la périménopause [33]. Néanmoins, la grande variabilité de ce taux au cours du cycle rend l’interprétation de son dosage délicate et n’en fait donc pas un marqueur diagnostic formel.

Le dosage de l’hormone antimüllerienne (AMH) est apparu depuis plusieurs années comme un nouveau marqueur de la réserve ovarienne, et donc, du vieillissement ovarien [34]. Son dosage est fiable, et la reproductibilité des résultats est bonne. Ainsi, l’équipe de van Rooij et al. a émis l’hypothèse que le dosage de l’AMH pourrait s’avérer utile au diagnostic de périménopause dans les situations cliniques douteuses [35]. Plus récemment, Sowers et al. ont mis en évidence que la chute importante des taux sériques d’AMH précédait de cinq ans l’arrêt des menstruations [36].

Il n’y a que dans un contexte d’infertilité que ces dosages, réalisés au troisième jour du cycle et couplés à une échographie pelvienne, gardent leur indication pour dépister une insuffisance ovarienne « incipiens ».

 

4.    Prise en charge de la périménopause

 

À l’évidence, les femmes asymptomatiques ne relèvent d’aucun traitement. Un traitement ne sera proposé qu’aux femmes dont la périménopause est symptomatique et qui en font la demande. Ce traitement devra tenir compte du terrain métabolique de la patiente et des éventuelles contre-indications aux traitements hormonaux. Le but de la prise en charge médicale de la périménopause est de faire disparaître les symptômes tout en conservant, si possible, un effet contraceptif. En effet, la grossesse, bien que rare compte tenu du net déclin de la fertilité, est encore possible à cette période. Alors que certaines femmes pensent être protégées du risque de grossesse au cours de la période périménopausique, il est ainsi intéressant de noter que sur les 137 497 IVG pratiquées en 2002 en France, 8 324 d’entre elles concernaient des femmes de 40 à 44 ans, et 1 057 d’entre elles concernaient des femmes de plus de 45 ans [37]. Les grossesses, qui surviennent chez des femmes en périménopause, s’accompagnent d’une augmentation du risque d’anomalies chromosomiques et d’accidents obstétricaux (pathologies vasculoplacentaires, fausses couches précoces et tardives, mort foetale in utero, diabète gestationnel, menaces d’accouchement prématuré…) [38]. En outre, pour certains auteurs, le phénomène intermittent de maturation multifolliculaire expliquerait l’augmentation de fréquence des grossesses gémellaires dizygotes avec l’âge maternel, et ce, malgré le déclin associé de la fertilité [39]. Ces grossesses gémellaires constituent à elles seules un facteur de risque majeur de nombreuses complications obstétricales.

 

4.1 Thérapeutiques hormonales

 

Elles seront envisagées chaque fois qu’il sera nécessaire de régulariser des cycles, d’atténuer les signes d’hyperestrogénie, de compenser les manifestations d’hypoestrogénie, d’assurer une contraception efficace et, enfin, de prévenir les conséquences à long terme de cette période d’anarchie hormonale (hyperplasie endométriale, mastopathies bénignes, ostéopénie…).

 

Progestatifs seuls

 

Ils sont indiqués dans la correction des troubles des règles, la protection de l’endomètre et la prise en charge de pathologies estrogénodépendantes. La séquence progestative consiste à prescrire un progestatif de type prégnane ou norprégnane :

  • soit du 16e au 25e jour du cycle, pour simplement régulariser les cycles, en l’absence de ménométrorragies et de désir de contraception ;
  • soit pendant 13 à 15 jours consécutifs, en commençant leur administration plus tôt dans le cycle, lorsque les signes d’hyperestrogénie prédominent. L’inhibition de l’ovulation sera alors inconstante [40] ;
  • soit pendant 20 à 21 jours consécutifs (classiquement du 5e au 25e jour du cycle), ce qui permettra de renforcer l’activité antigonadotrope et d’assurer ainsi un effet contraceptif. Néanmoins, les progestatifs ainsi administrés ne disposent pas de l’autorisation de mise sur le marché en tant que contraceptifs [41].

Ce traitement progestatif permet de protéger l’endomètre et prévient l’apparition d’une hyperplasie endométriale, secondaire à l’hyperestrogénie et/ou à l’anovulation  [42].

Tant que persiste une sécrétion estrogénique suffisante, une hémorragie de privation survient environ trois jours après la fin de traitement. En l’absence de règles, il convient bien entendu de réaliser un dosage plasmatique d’hCG. Ce dernier dosage étant négatif, la séquence progestative peut être reprise comme si l’hémorragie de privation était survenue. Si l’aménorrhée se répète sur trois cycles successifs, le diagnostic de ménopause est alors

vraisemblable et l’on discutera de l’indication éventuelle d’un traitement hormonal substitutif (THS).

Les données de l’étude WHI ont conduit à incriminer les progestatifs comme étant de potentiels agents carcinogènes au niveau du tissu mammaire [43]. Fabre et al. se sont intéressés ainsi au risque de cancer du sein chez les femmes ayant utilisé des progestatifs en préménopause. Pour cela, ils ont analysé les réponses de 73 664 femmes, interrogées par autoquestionnaire, parmi les 99 897 participantes de l’étude française E3N [44]. L’étude concernait uniquement des femmes n’ayant pas utilisé de progestatifs avant 40 ans et ménopausées à un âge « normal », c’est à-dire après 40 ans. L’analyse globale des données n’a pas montré de sur-risque de cancer du sein en cas de prise de progestatifs avant la ménopause (RR = 1,01 ; intervalle de confiance 95 % : [0,93-1,11]). En revanche, lorsque l’on s’intéresse à la durée d’utilisation des progestatifs, l’analyse du sous-groupe de femmes en cours de traitement montre qu’il existe une augmentation modérée mais significative du risque de cancer du sein chez les femmes utilisant des progestatifs oraux seuls depuis plus de quatre ans et demi, après l’âge de 40 ans et avant la ménopause (RR = 1,44 ; intervalle de confiance 95 % : [1,03-2,00]). Fabre et al. émettent ainsi l’hypothèse que les progestatifs

de synthèse ont un effet promoteur (mais non initiateur) sur des cellules mammaires précancéreuses [44]. Néanmoins, dans le sous-groupe de femmes ayant utilisé des progestatifs

au cours de cette période mais qui ont arrêté d’en utiliser au moment de leur inclusion dans l’étude, il n’est pas retrouvé de sur-risque de cancer du sein, et ce, quelle que soit la durée d’utilisation antérieure des progestatifs. Cette observation suggère une atténuation rapide de l’effet promoteur dès l’arrêt du traitement.

 

Associations estroprogestatives Traitement de « freinage-substitution » (TFS)

 

Il sera indiqué au moment de la période dite « charnière » avec alternance de signes d’hyperestrogénie et d’hypoestrogénie [45]. Il consiste à administrer pendant

20 à 21 jours sur 28, un progestatif antigonadotrope de type prégnane ou norprégnane, pour freiner le fonctionnement fonctionnement ovarien et éviter ainsi les poussées d’hyperestrogénie et d’y associer une substitution estrogénique pour pallier les manifestations d’hypoestrogénie (induites à la fois par les phases d’hypofonctionnement ovarien à ce stade et par le freinage ovarien secondaire à l’administration du progestatif antigonadotrope). En effet, l’oestradiolémie baisse significativement au 10e jour d’administration, puis réaugmente lors de la fenêtre d’arrêt [46]. L’administration des estrogènes est donc licite en seconde partie du traitement progestatif, pendant une dizaine de jours. Néanmoins, au fur et à mesure que l’on se rapproche de la ménopause, la reprise de la fonction ovarienne se fait de plus en plus difficilement, et les signes d’hypoestrogénie apparaissent alors pendant la phase d’arrêt et pendant la première partie du traitement progestatif. L’adaptation du traitement passera par une augmentation de la durée d’administration de la séquence estrogénique, et il est fréquent qu’avec le temps, estrogènes et progestatifs soient prescrits simultanément sur la même durée, c’est-à-dire 20-21 jours sur 28. En pratique, on prescrit le 17-β-estradiol à la posologie

de 1 à 2 mg/j, en respectant les contre-indications habituelles des estrogènes. En cas d’antécédents personnels ou familiaux de facteurs de risque vasculaires ou métaboliques, la voie percutanée sera préférée à la voie orale, car elle permet de s’affranchir de l’effet de premier passage hépatique des estrogènes.

Bien que peu d’études soient disponibles, ce traitement semble très satisfaisant sur le contrôle du cycle, des symptômes d’hyperestrogénie et des bouffées de chaleur [47, 48]. Par ailleurs, la tolérance métabolique reste bonne [49].

 

Et la pilule estroprogestative ?

 

En France, son utilisation au cours de cette période de la vie génitale n’est pas courante en raison des craintes, plus ou moins fondées, vis-à-vis de la tolérance métabolique et vasculaire de l’éthinylestradiol par voie orale, réputée médiocre dans cette tranche d’âge. Pourtant, dans les pays anglo-saxons, elle est largement prescrite en période périménopausique, après recherche de contre-indications formelles bien entendu (tableau 2).

Les estroprogestatifs anticonceptionnels sont en effet une alternative acceptable dans la prise en charge de la période périménopausique à toutes ses phases : efficacité contraceptive et réduction prouvée des différents symptômes [50]. Les estroprogestatifs de troisième génération faiblement dosés en éthinylestradiol (15 à 20 μg) sont utilisés de préférence, pour leur meilleure tolérance métabolique [51] et tensionnelle [52] (tableau 3). Parmi ces associations estroprogestatives, celles contenant la drospirénone, progestatif dérivé de la spironolactone, semblent intéressantes par leur efficacité dans l’amélioration de la symptomatologie du SPM [53, 54]. Leur utilisation en période périménopausique mériterait donc d’être évaluée plus précisément chez les femmes présentant des SPM particulièrement invalidants.

La surveillance métabolique et mammaire sera, à cet âge, particulièrement soigneuse.

À noter par ailleurs que, bien que s’affranchissant théoriquement de l’effet de premier passage hépatique, il n’existe, à l’heure actuelle, aucun argument indiquant que les estroprogestatifs anticonceptionnels administrés par voie extra-orale (patch cutané Evra® et anneau vaginal

Nuvaring®) soient mieux tolérés sur les plans vasculaire et métabolique que ceux administrés par voie orale [55-57].

 

Comment affirmer le diagnostic de ménopause ou « quand passer du TFS ou de la contraception estroprogestative au THS » ?

 

Habituellement, sous TFS ou sous contraception estroprogestative, la régularité des cycles est excellente, et la symptomatologie clinique de la périménopause est quasi inexistante. Le diagnostic clinique de ménopause devient alors impossible. Deux méthodes sont alors envisageables [58] :

  • soit le traitement estroprogestatif est interrompu, et il est prescrit un test au progestatif jusqu’à ce que l’on obtienne une aménorrhée sur trois mois consécutifs ; une méthode de contraception mécanique sera alors envisagée en attendant le diagnostic de certitude de ménopause ;
  • soit il est possible de réaliser des dosages d’estradiol et de FSH plasmatiques à la fin de la fenêtre thérapeutique, le jour de la reprise du traitement estroprogestatif : une FSH très élevée et une estradiolémie franchement basse permettront d’évoquer, avec une forte probabilité, le diagnostic de ménopause. Une interruption de traitement, avec répétition des dosages hormonaux sus-cités, la mise en route d’un test aux progestatifs sur trois mois consécutifs ou un relais direct avec un THS seront alors discutés avec la patiente. Cette attitude proposée par certains auteurs est encore controversée [58]. En effet, aucune étude n’est venue, à ce jour, valider le bienfondé de cette attitude.

 

Système intra-utérin au lévonorgestrel (Mirena®)

 

Ce système intra-utérin (SIU) délivre en continu, pendant cinq ans, du lévonorgestrel dans la cavité utérine. Ce dispositif permet une réduction de près de 96 % de l’abondance du flux menstruel [59]. Il s’agit donc d’une méthode envisageable chez une patiente en période périménopausique se plaignant surtout de ménométrorragies dont le caractère fonctionnel aura été formellement établi, et souhaitant une contraception efficace. Ce SIU hormonal représente ainsi une alternative acceptable à l’hystérectomie, au moins durant les premières années de prise en charge [60, 61]. Sa place dans la prise en charge des hémorragies génitales d’origine utérine liées à d’autres pathologies gynécologiques est en cours d’évaluation.

Concernant l’adénomyose, les résultats sont plutôt prometteurs sur la réduction de  ’abondance des ménométrorragies [62] et de l’intensité des dysménorrhées [63].

En cas d’apparition de signes d’hypoestrogénie, il est tout à fait possible de prescrire une séquence d’estrogènes seuls par voie percutanée ou orale, la « protection » vis à-vis de l’hyperplasie endométriale étant assurée in situ par le lévonorgestrel. Plusieurs travaux ont permis de confirmer le bien-fondé et l’innocuité de cette attitude [64-66].

 

4.2 Thérapeutiques non hormonales

 

Elles seront indiquées en cas de contre-indications aux traitements hormonaux ou si la patiente refuse un tel traitement. Il s’agit en fait de traitements purement symptomatiques.

 

SPM

 

Un déficit partiel de la transmission synaptique sérotoninergique de certains circuits neuronaux, induit ici par l’ensemble des bouleversements hormonaux de la périménopause, semble jouer un rôle majeur dans la physiopathologie du SPM et expliquerait ainsi la symptomatologie psychique, mais également une partie des symptômes somatiques de ce syndrome [67, 68].

De nombreux travaux ont démontré l’efficacité des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) dans la prise en charge des symptômes psychiques et somatiques du SPM en général, mais pas spécifiquement au cours de la périménopause [69].

Plus récemment, une étude évaluant l’efficacité d’un ISRS, l’escitalopram (Seroplex®), dans la prise en charge des femmes en période périménopausique fait état d’un réel bénéfice de ce traitement, d’une part, sur les troubles anxiodépressifs et, d’autre part, sur les symptômes physiques du SPM [70]. Néanmoins, il s’agit des premiers résultats d’une étude prospective sur 20 femmes, sans comparaison avec un groupe témoin, ayant duré seulement huit semaines. Ainsi, d’autres travaux sur de plus grandes cohortes, avec randomisation, en comparaison avec un placebo et sur de plus longues périodes d’évaluation sont nécessaires pour préciser la place exacte de cet ISRS dans la prise en charge du SPM survenant au cours de la périménopause.

 

Bouffées vasomotrices ou bouffées de chaleur

 

La chute brutale des taux d’estrogènes au cours des périodes d’hypoactivité ovarienne va perturber certains systèmes neuronaux impliqués dans la régulation de la température corporelle : le système opioïde, dont le rôle est aujourd’hui contesté, le système dopaminergique [71], le système noradrénergique, dont l’implication semble actuellement primordiale [72], et le système sérotoninergique, dont le rôle est probablement indirect [73, 74]. Une élévation des taux circulants d’interleukine-8 serait également impliquée dans les phénomènes de vasodilatation périphérique au cours des bouffées vasomotrices des femmes en période périménopausique [75].

Indépendamment des mesures hygiénodiététiques (arrêt du tabac, limitation de la consommation d’alcool, de café…) et plutôt que d’autres molécules de nature non hormonales, qui ont montré une efficacité plus ou moins franche dans la prise en charge des bouffées vasomotrices (β-alanine, véralipride, clonidine, α-méthyldopa), les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) représentent un apport nouveau et intéressant. Ainsi, une étude a récemment démontré l’efficacité de la venlafaxine (Effexor®) sur la symptomatologie dépressive et vasomotrice des femmes en période

périménopausique [76], confirmant ainsi les données recueillies chez les femmes ménopausées [77].

L’escitalopram, ISRS dont nous avons déjà évoqué le rôle prometteur dans la prise en charge du SPM, aurait également une efficacité sur les bouffées vasomotrices des femmes en période périménopausique. Là encore, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour évaluer plus précisément l’efficacité de cette molécule dans cette indication [70].

 

Troubles psychiques

 

Ils sont très variés (du trouble anxieux au syndrome dépressif) et nécessitent l’utilisation, lorsqu’ils altèrent réellement la qualité de vie de la patiente, de psychotropes (anxiolytiques et antidépresseurs). Cette prescription se fera en tenant compte des antécédents psychiatriques personnels et familiaux de la patiente et, si nécessaire, en collaboration avec un psychiatre [78].

Des travaux récents semblent indiquer que la période périménopausique est une période à plus haut risque de développer un syndrome dépressif que la période ménopausique [79, 80]. Dans l’étude de la symptomatologie dépressive des femmes de la cohorte SWAN, l’odds ratio varie de 1,3 à 1,7 et est hautement significatif (p < 0,005) [81]. Ce risque augmente avec le temps et est donc plus élevé en périménopause tardive qu’en périménopause débutante [81].

Ce sur-risque s’explique, à la fois, par les bouleversements hormonaux majeurs survenant au cours de cette période mais également par le contexte psychosocial inhérent à cette période « charnière » dans la vie d’une femme (changements de la situation professionnelle, modifications de la structure familiale avec le départ des enfants…) [78]. Aucun facteur de risque, cliniquement identifiable et permettant de dépister des femmes plus à risque de développer un syndrome dépressif au cours de cette période, n’a actuellement été identifié. Les antécédents personnels ou familiaux de syndrome dépressif sévère eux-mêmes n’ont pas été retenus comme des facteurs de risque significatifs de présenter un syndrome dépressif au cours de la périménopause [82]. Il semble donc opportun de rechercher systématiquement en

consultation un syndrome dépressif chez toute femme en période périménopausique.

 

Sécheresse vaginale

 

Elle est en général source de dyspareunie superficielle ou d’intromission, qui rend les rapports sexuels pénibles.

Il est possible d’utiliser des gels lubrifiants simples à base d’eau (gel Ky®, Prémicia®, Sensilube®, Taïdo®) ou plus élaborés (Replens® et Monasens®), voire des estrogènes à

action locale stricte, administrés par voie vaginale, sous la forme de crèmes ou d’ovules (Colpotrophine®, Trophigil®, Physiogine®…), et dont le passage systémique est infime.

 

 

 

4.3 Cas particuliers dans la prise en charge de la période périménopausique

 

Mastodynies et mastopathies bénignes

 

La pathologie mammaire est fréquente à ce stade de la vie génitale : 47 % de mastodynies et 19 % de mastopathies bénignes chez ces femmes en période périménopausique, selon l’enquête PROPAUSE de Lopès et Schatz [83]. Ces mastopathies sont en général révélées, voire aggravées, au cours des périodes d’hyperestrogénie relative. L’efficacité des progestatifs sera d’autant meilleure que le traitement sera prescrit rapidement. Classiquement, ils seront prescrits au moins 15 jours par cycles. Les progestatifs 19-norstéroïdes, dérivés de la testostérone, seraient pour certains auteurs plus efficaces [84-86], mais leur tolérance clinique (acné, séborrhée, hirsutisme…), vasculaire et métabolique médiocre, surtout à cette période de la vie où le syndrome métabolique est particulièrement plus fréquent (confer infra), font préférer les norprégnanes, dérivés de la 17-hydroxyprogestérone, en première intention [87].

Ces derniers ont fait la preuve de leurs effets antigonadotrope et anti-estrogénique et de leur innocuité métabolique, tensionnelle et vasculaire [88, 89]. L’acétate de nomégestrol (Lutényl®) et la promégestone (Surgestone®) ont été évalués dans cette indication : ils ont tous les deux entraîné une amélioration significative de l’intensité des mastodynies mais également une diminution, voire une disparition, des placards et nodules de mastose [90, 91].

Un dérivé prégnane, le médrogestone (Colprone®), et la dydrogestérone (Duphaston®) semblent également être efficaces dans la prise en charge de ces mastopathies avec mastodynies, même en n’étant administrés que dix jours par cycle [92].

Quoi qu’il en soit, avant tout traitement hormonal, un bilan sénologique complet reste absolument indispensable à cette période de la vie génitale.

 

Ostéoporose en période périménopausique

 

De nombreux travaux ont montré que les premiers remaniements osseux, prémices de l’ostéoporose postménopausique, débutent dès la période de périménopause [93-96]. Les mécanismes de la résorption osseuse impliqueraient, ici, davantage les fluctuations hormonales brutales de la périménopause que les taux moyens d’estradiol circulant [97].

L’ostéoporose, surtout en cas de facteurs de risque préexistants, pourrait ainsi apparaître dès cette période.

Cela justifie de rechercher les principaux facteurs de risque d’ostéoporose chez toutes les femmes périménopausiques.

Si cette enquête est positive, la réalisation d’une ostéodensitométrie sera incontournable, et la substitution estrogénique n’en est que plus recommandée (pilule estroprogestative [98] ou TFS [58]).

En cas de contre-indication aux estrogènes et lorsqu’il faut prévenir, voire traiter,  l’ostéoporose, indépendamment des conseils hygiénodiététiques (arrêt du tabac, exercice

physique doux et régulier, lutte contre la sédentarité, le surpoids et la maigreur…), d’autres classes thérapeutiques pourront être utilisées : compléments vitaminocalciques, biphosphonates, modulateurs sélectifs des récepteurs aux estrogènes (SERM) et, plus récemment, le ranélate de strontium (Protelos®). Un avis rhumatologique sera souhaitable en cas d’ostéoporose diagnostiquée lors de l’ostéodensitométrie (T score < –2,5).

 

Ménométrorragies fonctionnelles (hyperplasies endométriales sans atypies cellulaires)

 

Après avoir éliminé une cause organique, un traitement par progestatifs pendant 15 à 20 jours, pendant 2 à 3 cycles consécutifs environ, permet le plus souvent de traiter ces hyperplasies dites « simples » ou « fonctionnelles ». En phase aiguë, il peut être nécessaire d’adjoindre

un traitement antifibrinolytique par voie orale ou intraveineuse, selon l’importance de l’hémorragie (acide tranexamique [Exacyl® ou Spotof®] : 2 à 4 g/j ou étamsylate

[Dicynone®] : 1,5 g/j). Dans certaines situations urgentes, le curetage hémostatique est le seul moyen d’enrayer le saignement.

La prévention de ces hyperplasies endométriales « fonctionnelles » est, quant à elle, assurée, en période périménopausique, par la prescription d’une séquence progestative de 10 à 12 jours par cycle.

Par ailleurs, rappelons que le SIU au lévonorgestrel (Mirena®) est une alternative thérapeutique tout à fait pertinente dans ce contexte, que ce soit en préventif ou en curatif [59-61, 99] (cf. supra).

 

Hyperandrogénie

 

Des symptômes d’hyperandrogénie peuvent apparaître en période périménopausique, sous-tendus par une hyperandrogénie fonctionnelle ovarienne [100, 101]. Survenant le plus souvent sur des terrains prédisposés (syndrome des ovaires polymicrokystiques préexistant connu

ou non, obésité, hyperinsulinisme…), sa constatation nécessite néanmoins une évaluation clinique et paraclinique sérieuse, afin de ne pas méconnaître une cause plus grave (tumeur ovarienne ou surrénalienne). Un TFS utilisant l’acétate de cyprotérone (Androcur®), progestatif du groupe prégnane, puissamment anti-androgène et antigonadotrope, est envisageable en complément de mesures cosmétiques. Néanmoins, pour le moment, aucune étude évaluant spécifiquement l’efficacité et la tolérance de l’acétate de cyprotérone, chez des femmes présentant une hyperandrogénie clinique en période périménopausique, n’est venue confirmer le bien-fondé de cette attitude.

 

Problématique du syndrome métabolique en période périménopausique

 

Il est maintenant admis que la prévalence du syndrome métabolique dans la population générale augmente avec l’âge [102]. Ainsi, la période de périménopause est propice

à son dépistage. En effet, il est maintenant admis par certains auteurs que la fréquence du syndrome métabolique croît progressivement dès le début de la périménopause et jusqu’à la ménopause [103]. La carence estrogénique qui débute au cours de la périménopause tardive a été évoquée comme étant un des éléments déterminants dans la survenue de ce syndrome [104]. Néanmoins, le profil androgénique des patientes périménopausiques semble également jouer un rôle majeur [105, 106]. Les données issues du suivi de la cohorte SWAN ont confirmé cette hypothèse : les femmes qui présentent un climat hormonal androgénique prédominant seraient plus à risque de développer un syndrome métabolique et donc d’aggraver leur profil de risque cardiovasculaire [107, 108].

En outre, les composantes clinicobiologiques du syndrome métabolique constituent, pour certaines, des contre-indications absolues ou relatives à la prescription de la contraception estroprogestative (tableau 2) ou du TFS. C’est pourquoi, son diagnostic constituera donc un élément clé dans la décision thérapeutique chez une femme souffrant de troubles attribuables à la périménopause (contre-indication absolue à tous les types de traitements estroprogestatifs, choix entre une pilule contraceptive ou un TFS, choix de la voie d’administration des estrogènes…).

 

5.    Génétique et périménopause : de nouvelles conceptions

 

Des données récentes issues du suivi de la cohorte SWAN ont permis d’établir certains profils génétiques « à risque » de développer certaines pathologies au cours de la périménopause. Les premières études en biologie moléculaire ont concerné l’étude des polymorphismes SNP

(single nucleotide polymorphism) de gènes impliqués dans les voies de biosynthèse des stéroïdes sexuels et dans les voies de transduction du signal hormonal [109].

Les premiers résultats ont ainsi mis en évidence qu’il existait :

  • des polymorphismes nucléotidiques du gène de la 17-hydroxystéroïde déshydrogénase qui prédisposeraient à développer un diabète de type 2 ;
  • des polymorphismes du gène du récepteur α des estrogènes associés à des troubles du métabolisme lipidique;
  • des polymorphismes du gène du récepteur β des estrogènes associés à des troubles de la minéralisation osseuse et au développement d’un syndrome métabolique ;
  • des polymorphismes du gène de l’enzyme CYP1A1 (impliquée dans la conversion de l’estrone en dérivés hydroxylés) qui favoriseraient l’apparition des bouffées vasomotrices et le développement de troubles de l’humeur (syndromes dépressifs).

 

6.    Conclusion

 

Ainsi, il parait clair que la prise en charge thérapeutique des femmes symptomatiques en période périménopausique repose à la fois sur une connaissance approfondie des phénomènes hormonaux qui la sous-tendent, mais aussi sur une écoute attentive des patientes. La prise en charge doit s’adapter à la grande variabilité des symptômes au cours de cette période. La périménopause représente le début du déclin de la fonction ovarienne et, surtout, l’approche inéluctable vers la ménopause, tant redoutée par les femmes. De plus, elle survient le plus souvent en même temps que de nombreux bouleversements familiaux et socioprofessionnels. Ainsi, tous ces éléments devront être pris en compte pour une prise en charge la plus globale possible, garante d’une entrée plus sereine dans la ménopause. Pour les femmes symptomatiques, un traitement sera proposé, idéalement « sur mesure », en tenant compte des contre-indications éventuelles aux traitements hormonaux et du terrain métabolique.

 

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